"Le Plongeur", film québécois original sur l’addiction au jeu d'un jeune de 19 ans

Premier film distribué en France du Québécois Francis Leclerc, "Le Plongeur" fait le portrait d’un jeune Montréalais accro au jeu.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Henri Picard dans "Le Plongeur" de Francis Leclerc (2023). (WAYNA PITCH)

Cinquième long métrage de Francis Leclerc, Le Plongeur, en salles mercredi 3 janvier, donne envie de voir ses autres films. Le réalisateur rassemble l'observation de Claude Sautet, le romanesque de François Truffaut et le contemporain de Cédric Klapisch. Un tiercé gagnant, au ton original et bien tourné.

Les chemins de la haute ville

Étudiant de 19 ans, Stéphane cherche à percer dans la BD et l’illustration. Accro aux jeux d’argent, il passe ses journées devant les "bandits manchots" – les machines à sous –, dans lesquels passe tout son argent. Plutôt qu’aller en cours, Stéphane travaille comme plongeur dans un grand restaurant pour éponger ses dettes. Borderline, il rencontre Bonnie à qui il promet de ne plus jouer. 

Francis Leclerc capte son antihéros dans la ville. Stéphane (Henri Picard) marche de rue en rue, boit de bar en bar, joue partout, et passe au lycée en touriste. Le Plongeur sent le trottoir, le métro et les bars, tout en les rendant exotiques. Il y a du Taxi Driver de Scorsese dans le filmage. Le premier plan, un travelling en plongée sur la cuisine, renvoie, lui, à L’Ultime Razzia de Kubrick. Francis Leclerc cite avec élégance. La cuisine du restaurant, où se passe une bonne partie du film, est une ruche, où on ne parle pas, mais on hurle. Le cinéaste rend l’effervescence du travail, de la ville, des sentiments et de la vie.

Schizophrénie

Le Plongeur adapte le roman éponyme de Stéphane Larue (Ed. Point), lauréat 2017 du prix des libraires du Québec et du prix Senghor. Roman d’apprentissage, autofiction, l’adaptation de Francis Leclerc colle aux ambitions du livre. On croirait à une confession du réalisateur, avec la fraîcheur d’un premier film, qu'il n'est pas. Une impression qui renvoie au sujet, dans la quête de maturité du personnage au cœur de l’œuvre.

Francis Leclerc a un style évocateur et précis, dans les cadres et les lumières d’ambiances urbaines, où se cherche l’intime. Le film parle d’addiction, en abordant tous les rouages. Il en est du jeu, comme de l’alcool et des drogues, le mensonge est le ver au cœur de la pomme : une spirale infernale. Il devient le mode de communication de Stéphane, ce qui l’ouvre à la schizophrénie. Habité de personnages pittoresques, un peu long, mais intelligent, avec un filmage peaufiné, plongez avec Le Plongeur.

L'affiche du "Plongeur" de Francis Leclerc (2023). (WAYNA PITCH)

La fiche

Genre : Drame 
Réalisaeur : Francis Leclerc
Acteurs : Henri Picard, Charles-Aubey Houde, Joan Hart
Pays : Canada
Durée :  2h07
Sortie : 3 janvier 2024
Distributeur : Wayna Pitch

Synopsis : Stéphane, 19 ans, rêve de devenir illustrateur. Accro aux jeux d’argent, il s’engouffre dans une spirale infernale. Endetté, sans appartement, fuyant ses amis à qui il doit de l'oseille, il trouve un job de plongeur au restaurant La Trattoria pour s’en sortir.

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