"Le Prince oublié : Michel Hazanavicius signe un joli conte initiatique avec Omar Sy
Le réalisateur de "The Artist" réussit une comédie familiale sur le passage de l’enfance à l’adolescence.
Bon timing pour la sortie de Le Prince oublié au début des vacances d’hiver, mercredi 12 février. Après deux OSS 117 et The Artist, Michel Hazanavicius réalise une comédie qui enchantera toute la famille, sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, avec Omar Sy, Bérénice Bejo et François Damiens.
Plateau de cinéma
Veuf, Djibi (Omar Sy) élève seul Sofia (Keyla Fala, puis Sarah Gaye). A 8 ans, la fillette s’endort tous les soirs dans les bras de son père qui lui raconte une histoire. Il devient alors Le Prince d’un monde enchanté, qui sauve dans chaque récit sa princesse du méchant Priprout (François Damiens). Mais quand Sofia entre au collège à 11 ans, les histoires de Djibi ne sont plus de son âge, et elle n’a d’yeux que pour Max, un garçon de sa classe. Le monde s’écroule pour son père qui perd ses faveurs, mais aussi son statut de Prince dans leur monde imaginaire…
Auteur de son sujet, Michel Hazanavicius réalise une belle métaphore sur une enfant devenant adolescente, et l'effarement d'un papa poule face à ce bouleversement. Le Prince oublié se double d’une intrigue propre au monde imaginaire dans lequel Djibi transporte chaque soir sa fille. Cet univers a tout d’un plateau de cinéma, avec son décor coloré de carton-pâte, ses loges, ses figurants, son réalisateur, ses assistants, son service d’ordre… Un microcosme dans lequel Hazanavicius traite en abîme sa vision du cinéma.
Enfance et cinéma
D’un côté, une fillette s’émancipe de son père, de l’autre, un personnage devient inutile, sans emploi, dégradé de son rôle de héros, relégué dans une loge misérable, avant de s’effacer progressivement et d’être envoyé aux "oubliettes". L’articulation entre les deux histoires en miroir est astucieuse, et riche en sous-texte. Si le ton est enlevé, joyeux et chatoyant, Le Prince oublié ne repose pas sur une suite de gags ou de réparties, mais sur un humour tendre, sans jamais être mièvre. De belles trouvailles poétiques traversent le film, comme le personnage aquarium où nage un poisson rouge, l’éléphant en tissu imprimé, les personnages imaginaires oubliés qui deviennent transparents…
Omar Sy, en papa délaissé, Bérénice Bejo, en célibataire esseulée, et François Damiens en félon de pacotille, sont à leur place. Michel Hazanavicius rend son univers plausible et ses effets spéciaux sont à la hauteur. Il fait de plus appel pour sa musique à Howard Shore, compositeur attitré de David Cronenberg et du Seigneur des anneaux.
Par son sujet, Le Prince oublié rappelle La Boum, également sur le passage à l’adolescence, d’autant plus qu’une surprise-partie est au cœur des deux films. Mais Hazanavicius double son propos d’une réflexion sur la sortie de l’enfance par la perte de son imaginaire. Un imaginaire qu’il identifie au cinéma, où cinéastes et acteurs sont de grands enfants qui, selon Orson Welles, jouent à un "grand train électrique" quand ils réalisent un film.
La fiche
Genre : Comédie
Réalisateur : Michel Hazanavicius
Acteurs : Omar Sy, Bérénice Bejo, François Damiens, Sarah Gaye, Keyla Fala, Neotis Ronzon
Pays : France
Durée : 1h41
Sortie : 12 février 2020
Distributeur : Pathé
Synopsis : Sofia, 8 ans, vit seule avec son père. Tous les soirs, il lui invente une histoire pour l’endormir. Ses récits extraordinaires prennent vie dans un monde imaginaire où l’héroïne est toujours la princesse Sofia, et son père, le Prince courageux. Mais trois ans plus tard, quand Sofia rentre au collège, elle n’a plus besoin de ces histoires. Désarmé, son père va devoir accepter que sa fille grandisse et s’éloigne de lui. Dans leur Monde imaginaire, le Prince va alors devoir affronter la plus épique de toutes ses aventures pour conserver une place dans l’histoire.
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