"Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres", documentaire exceptionnel sur la cinéaste du nazisme
Photographe, actrice et réalisatrice allemande, Leni Riefenstahl (1902-2003), décédée à l’âge de 101 ans, demeure une des personnalités les plus controversées du XXe siècle. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande nazie, l'avait présentée à Hitler qui avait vu tous ses films. Il en fera la cinéaste phare du nazisme. Mise au ban de la société en 1946, elle déniera son adhésion au régime d’Hitler, alors que ses faits et films démontrent le contraire.
Le documentaire de Andres Veiel, riche en images rares, expose dans ses contradictions Leni Riefenstahl, qui se présente comme victime, mais qui, par plus d’un aspect, s’avère une manipulatrice de premier ordre. Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres sort en salle le mercredi 27 novembre 2024.
Montage d’extraits de films avec ou de Leni Riefenstahl, d’interviews des années 1970 et d’archives filmiques personnelles, le documentaire d’Andres Veiel décrypte une personnalité qui tente à corps perdu de se déculpabiliser de son rôle prégnant dans le régime nazi, comme rouage essentiel de sa propagande avant et durant la Seconde Guerre mondiale.
Si Leni Riefenstahl n’a jamais pris sa carte d’adhérente au parti national socialiste, nombre de ses écrits et documents démontrent sa fascination pour Hitler et son adhésion aux thèses nazies. Un des principaux intérêts du film d’Andres Veiel est de démontrer combien cette femme, quelque trente ans après les faits, et ses vicissitudes juridiques au sortir de la guerre, continue de nier les faits qui lui sont reprochés.
"Ne filmer que le beau"
Indéniablement talentueuse dans l’art du cadre et de la lumière dans ses films, Leni Riefenstahl fut une des plus belles prises d’Adolph Hitler, via Joseph Goebbels (ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande du Reich), pour convaincre les Allemands du bien-fondé du nazisme à travers ses films. Les plus célèbres demeurent Le Triomphe de la volonté (1935) et Les Dieux du stade (1938), deux purs produits propagandistes.
C’est une vieille dame bourgeoise, dont la respectabilité n’apparaît que plus suspecte, qui domine le film. Par exemple, en déclarant n’avoir voulu "filmer que le beau", une beauté très conservatrice tout en référence aux critères nazis, issus de la Grèce antique. On n’en attendait pas moins d’elle. Mais son témoignage, dans son déni d’engagement au sein d’une idéologie criminelle, voire dans sa banalisation à l'époque, fait froid dans le dos.
La fiche
Genre : Documentaire historique
Réalisateur : Andres Veiel
Pays : Allemagne
Durée : 1h55
Sortie : mercredi 27 novembre 2024
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.