« Les Adieux à la reine » : panique à Versailles
Synopsis : En 1789, à l’aube de la Révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide, nobles et serviteurs s’enfuient. Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés.
La révélation Léa Seydoux
Adapté du roman éponyme de Chantal Thomas par Benoît Jacquot, « Les Adieux à la reine » évoque de façon remarquable les trois premiers jours de la Révolution française de 1789, vus à travers les yeux de la jeune lectrice de Marie-Antoinette, à Versailles.
Léa Seydoux, qui interprète Sidonie Laborde est de tous les plans et s’avère la révélation du film, même si l’on a pu la voir récemment dans « Mission : impossible – Protocole fantôme » et « Minuit à Paris » de Woody Allen. La jeune française a décidément le vent en poupe en tournant dans un blockbuster de premier ordre - le meilleur de la franchise « Mission : impossible » - et avec l’incontournable cinéaste new-yorkais, dont le dernier film avait été projeté au dernier festival de Cannes.
Il faut dire que Léa Seydoux a de qui tenir, puisqu’elle est la petite-fille de Jérôme Seydoux, patron de Pathé, et la petite nièce de Nicolas Seydoux, PDG de Gaumont. Si cela aide - d’ailleurs pas forcément -, cela ne donne pas le talent, qui visiblement est de son côté.
Elle est accompagnée par Diane Kruger, qui campe une Marie-Antoinette des plus convaincantes et dont le léger accent autrichien sert évidemment le rôle. Film de femmes, du moins dans les rôles principaux, elles sont rejointes par Virginie Ledoyen qui endosse le rôle de la hautaine comtesse de Polignac, favorite de la reine, avec laquelle elle entretient de troubles sentiments d'une sensualité brûlante.
Les fantômes de Versailles
Mais c’est l’univers fermé de Versailles, avec tous ces courtisans qui apprennent la prise de la Bastille qui constitue le fond du sujet. La Révolution française n’a sans doute jamais été traitée sous cet angle. L’utilisation du château de Versailles est de plus d’un point de vue remarquable. Benoît Jacquot traverse les combles où vivent les domestiques, les cuisines, et les petits appartements insalubres où s’entassent les courtisans. Ou bien encore les couloirs nocturnes, où ils se croisent, tels des fantômes, et conversent, paniqués, par la colère du peuple de Paris qui ne va pas tarder à faire marche sur eux, comme l’affirment les premiers tracts vindicatifs qui leurs parviennent.
Benoît Jacquot est féru du XVIIIe siècle. Il a en effet déjà signé un « Sade » fort bien troussé avec Daniel Auteuil en 2000, et une « Fausse suivante » de très belle facture - avec Sandrine Kiberlain, Isabelle Huppert, Mathieu Amalric et Pierre Arditi, en 2000 également. Il signe avec « Les Adieux à la reine » son film le plus ambitieux et le plus abouti.
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