"Les Animaux fantastiques" : J. K. Rowling, plus Marvel que magique
Sur-mesure
C’est bien la première fois que la vedette d’un film est l’auteur de son scénario. Même si le réalisateur, David Yates, a déjà signé quatre films de la franchise Harry Potter et que le rôle principal est tenu par Eddie Redmayne, oscarisé pour son interprétation de l’astrophysicien Stephen Hawking dans "Une Merveilleuse histoire du temps" (2015, James March). J. K. Rowling rajoute un trophée à son palmarès, chacune de ses créations s’avérant un succès planétaire assuré. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, deux suites sont d’ores et déjà dans les tuyaux, toujours avec Rowling au script, Redmayne en Mortimer, et Yates derrière la caméra ; avec en bonus Johnny Depp dans le prochain film, attendu en 2018.Si ce n’est pas du sur-mesure, ça lui ressemble. Anti-héros aux ressources insoupçonnées, amitié solidaire, duels de sorciers, effets spéciaux à gogo, décors et costumes surannés juste ce qu’il faut... Tout y est, avec pour la première fois à la photo le grand Philippe Rousselot. J. K. Rowling était attendue au tournant, et c’est là que le bât blesse. Si l’on retrouve les ingrédients du succès, leur usage relève plus de la recette que du renouvellement. Les animaux fantastiques du titre sont bien au rendez-vous, mais ils sont plus alignés les uns derrière les autres, comme dans un bestiaire, une suite de sketches, qu’au centre de l’intrigue. Elle se concentre autour d’un adolescent traumatisé par une mère bigote, aux pouvoirs surnaturels et maléfiques décuplés, qui va mettre en péril le New York de 1926, des décennies avant la naissance d’Harry Potter.
Personnages salvateurs
A ce stade, "Les Animaux fantastiques" vire à la production Marvel, avec une entité destructrice qui pulvérise les rues de la grosse pomme, digne d’un Hulk en furie. Hors sujet. De cette surenchère d’effets spéciaux, qu’ils visent les créatures magiques ou la démolition (longuette) de New York, émergent les rapports entre les quatre héros du film, Norbert, Tina, Jacob et Queenie, aux personnalités bien tranchées, avec en point commun une marginalité qui va sceller leur amitié. Pas de doute, nous sommes bien chez J. K. Rowling."Les Animaux fantastiques" ne décevra pas les aficionados. Production bien évidemment soignée, le New York 1926 reconstitué ne manque pas de charme, surtout sous les sunlights de Philippe Rousselot. Les effets spéciaux pléthoriques sont par contre d’une facture assez commune, comparée à une production comme "Le Livre de la jungle" (2016) de Jon Favreau qui, aujourd’hui, tient le haut du pavé des images de synthèse. Mais c’est dans le scénario que le film pèche le plus, même si J. K. Rowling sait brosser des personnages attachants. Pour le reste, rien de fantastique.
LA FICHE
Fantastique de David Yates (France) - Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Dan Fogler, Colin Farrell, Alison Sudol, Ezra Miller - Durée : 2h13 - Sortie : 16 novembre 2016
Synopsis : 1926. Norbert Dragonneau rentre à peine d'un périple à travers le monde où il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques. Il est l'auteur du livre "Les Animaux fantastiques" qu'étudiait Harry Potter à Poudlard, l'école des sorciers Norbert pense faire une courte halte à New York mais une série d'événements et de rencontres inattendues risquent de prolonger son séjour. C'est désormais le monde de la magie qui est menacé.
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