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"Les Eléphants" : de la poésie supposée du deux-pièces-cuisine

Réalisateur d’un documentaire sur Michel Legrand, de plusieurs court-métrages, clips et pubs, Emmanuel Saada a voulu avec "Les Eléphants", son premier long métrage de fiction, capter la quintessence d’un réel à travers le quotidien de quadra-trentenaires en quête de sens. Un drame existentiel générationnel, donc, dans la tradition du film deux-pièces-cuisine parisien, presque caricatural
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
"Les Eléphants" de Emmanuel Saada
 (Emmanuel Saada)

De Emmanuel Saada (France), avec : Cathy Nouchi, Cendrine Genty, Damien Roussineau, Violaine Fumeau, Léna Herbreteau, Caroline Filipek, Mikaël Chirinian, David Kammenos, Christa Fenal - 1h28 - Sortie : 19 février

Synopsis : Les destins enlacés d'une poignée de quadra-trentenaires dévorés par la vie. Un regard poétique et attentif sur leurs relations affectives qui s'écrivent au rythme de leur cheminement, en filigrane. Un film choral qui s'attache aux êtres, aux moments de silence et aux turbulences du destin.

Passe-moi le sel
Emmanuel Saada ne s’en cache pas, s’il tourne, c’est pour filmer les gens. Il se dit fasciné par les gestes les plus insignifiants dans lesquels s’inscrit, à ses yeux, une poésie du quotidien. Et que je monte les escaliers, arrive sur le palier, ouvre la porte, ferme la porte, traverse le couloir, m’arrête devant une porte entrouverte. Cut. Et qu’un autre marche dans la rue, ouvre la portière de sa voiture, la ferme, tourne la clé de contact, démarre… Cut. Deux femmes discutent dans un appartement bourgeois : "Ça va ?", "Tu peux garder Violette ?" soupir, "Laisse ses affaires sur la chaise"…
"Les Eléphants" de Emmanuel Saada
 (Emmanuel Saada)
Silence
Voilà, voilà, voilà… Tout ce petit monde se croise plus ou moins, marmonne plus qu’articule, fait beaucoup la gueule, jusqu’à un final où une lueur d’espoir pointe quand Emilie, à moins que ce ne soit Daphné ou Caroline, apprend à tous qu’elle va partir en Inde… pour se réaliser. Tout le monde est content pour elle. Si l’on ne sait plus très bien de qui il s’agit, c’est que l’on n’accroche guère à cette pléiade de personnages choraux qui se ressemblent tous, sur lesquels on glisse avec indifférence.

Cette inconsistance, est-elle la thèse du film ? Sans doute pas, Emmanuelle Saada filmant au plus près ses acteurs, comme si son cadre permettait de leur fournir plus d’épaisseur. On l’aura compris, il ne se passe pas grand-chose, mais tout est là justement. Le cinéaste se plait à filmer le silence, pour mieux le faire remplir par le spectateur. A moins que ce dernier participe de ce mutisme en s’abstenant.

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