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"Les Gardiennes" : Xavier Beauvois filme les femmes de 14 avec splendeur

Avec sept films, dont "Des hommes et des dieux" (2013), Xavier Beauvois est devenu une des valeurs sûres du cinéma français. "Les Gardiennes", d’après le roman d’Ernest Pérochon, aborde le sujet peu traité du rôle des femmes alors que les hommes étaient au front durant la Première Guerre mondiale. Une réhabilitation splendide, avec Nathalie Baye, sa fille Laura Smet et de jeunes acteurs de talent.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Idris Bry et Nathalie Baye dans "Les Gardienns" de Xavier Beauvois"
 (Guy Ferrandis / Pathé Distribution )

L’attente

Que celui qui connaît un film sur la condition féminine durant la Première Guerre mondiale lève le doigt. Si la guerre de 14-18 demeure le pivot qui conditionna le destin des civilisations au début du XXe siècle, elle le fut entre autres pour les femmes qui, restées à l’arrière, prirent le relais pour faire tourner l’économie de guerre, à la ville comme aux champs. L’amorce d’une évolution encore longue à venir, et qui perdure encore péniblement de nos jours. "Les Gardiennes" évoque ce rôle primordial dans le contexte d’une exploitation agricole, cadre où elles s’avérèrent d’une efficacité remarquable, tant dans la gestion que dans les rendements, alors que d’autres secteurs devaient grandement pâtir de la guerre.
La beauté du film de Xavier Beauvois est non seulement d’évoquer ce sujet, mais de faire des portraits de femmes résistantes dans l’attente du destin réservé à leur mari, leurs fils, plongés dans une guerre inédite et interminable. L’attente et comment y surseoir est un des thèmes majeurs des "Gardiennes". Ce temps linéaire, au fil des saisons, Beauvois le capte avec justesse dans les lumières magnifiques de la chef-opératrice Caroline Champelier. Un peu trop belles diront certains, dans un film où s’il neige, et où l’on sent la terre gelée, puis grasse au printemps, et le soleil qui tonne, il ne pleut jamais. Ce qui reste une lacune.

Romanesque

Dans une première partie, Xavier Beauvois prend le soin d’installer le contexte de son récit avant qu’il ne prenne forme et consistance. L’émotion n’en est pas moins présente : avec le retour du fils prodigue et sa vision réaliste du conflit qui balaye la propagande, les disparitions annoncées par le maire, les adaptations nécessaires aux nouvelles conditions de travail, la mécanisation… Puis vient le temps du romanesque, avec une magnifique histoire d’amour, qui connaîtra les tempêtes de l’absence, une jalousie excessive, une manipulation…
Iris Bry dans "Les Gardiennes " de Xavier Beauvois
 (Guy Ferrandis / Pathé Distribution )
Dans son rôle de maîtresse femme, Nathalie Baye fait merveille, malgré des cheveux gris peu crédibles ; sa fille Laura Smet ne dépareille pas, passant outre son physique sophistiqué, alors que la révélation du film demeure Iris Bry qui a été découverte lors d’un "casting sauvage". Nicolas Giraud et Cyril Descours envoyés au front s’avèrent de jeunes acteurs prometteurs, alors que Gilbert Bonneau, un paysan du cru, est des plus touchants. Avec tous ces atouts, "Les Gardiennes" s’avère l’un des plus beaux films de cette fin d’année et de cette année tout court.

Reportage : E. Cornet / A. Delcourt /J.A Balcells / C. Ricco

"Les Gardiennes" : l'affiche
 (Pathé Distribution)

LA FICHE

Genre : Drame
Réalisateur : Xavier Beauvois
Pays : France
Acteurs : Nathalie Baye, Laura Smet, Iris Bry, Nicolas Giraud et Cyril Descours, Olivier Rabourdin, Gilbert Bonneau, Mathilde Viseaux
Durée : ​2h14
Sortie : 6 décembre 2017

Synopsis : 1915. A la ferme du Paridier, les femmes ont pris la relève des hommes partis au front. Travaillant sans relâche, leur vie est rythmée entre le dur labeur et le retour des hommes en permission. Hortense, la doyenne, engage une jeune fille de l'assistance publique pour les seconder. Francine croit avoir enfin trouvé une famille... 

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