"Les Heures sombres" : Gary Oldman est Churchill à l'aube de l'entrée en guerre
Reconstitution au cordeau
Comme nombre de récents biopics, les cinéastes préfèrent prendre leurs personnages à une heure clé de leur vie, plutôt que retracer leur biographie exhaustive. C’était déjà le cas du "Churchill" de Jonathan Teplitzky cette année, où cette figure légendaire de l’histoire britannique, sinon mondiale, était cernée dans les 48 heures précédant le débarquement en Normandie de juin 1944. Le film restera cependant moins dans les mémoires, tant celui de Joe Wright lui fait de l’ombre.Avec son adaptation de Jane Austen, puis de Tolstoï, Joe Wright avait déjà prouvé son talent pour la reconstitution historique, comme nombre de réalisateurs britanniques. Un don que ces cinéastes et les équipes anglaises surpassent au regard de leurs confrères américains ou français quelle que soit leur capacité dans ce domaine. C’est encore le cas dans "Les Heures sombres" dont l’image du Londres de 1940 éblouit, que cela soit sous les dorures de Buckingham Palace, du 10 Downing Street, du Parlement, des rues ou métro londoniens. Décors, costumes et lumières évoquent avec merveille (peut-être même trop…) une ambiance british des plus cosy.
Classe
Ces "Heures sombres" sont celles que vit le Premier ministre nouvellement nommé, en porte-à-faux avec ses opposants politiques, jusque dans sa propre majorité. Mais ce sont aussi celles auxquelles il doit préparer les Britanniques, une fois la guerre déclarée et qu’il souhaite de tous ses vœux. Minoritaire dans le gouvernement de ce point de vue, il est à deux doigts d’abandonner, jusqu’à ce qu’une rencontre opportune avec les Londoniens de la rue le convainque, ces derniers étant de son avis. Ses talents d’orateur feront le reste pour décrocher le morceau. La suite n’est que littérature… et quatre ans de guerre.Tous deux britanniques, Gary Oldman et Kristin Scott Thomas forment le duo idéal pour incarner à l’écran ce qui s’avère avoir été un couple très attaché et attachant à la ville. Lui nonchalant, colérique et bon vivant, elle d’une classe inégalée. La véracité historique semble des plus proches de la réalité du temps, comme dans la psychologie des protagonistes, des réserves émises à l’égard de Churchill et de sa pugnacité à convaincre ses adversaires. L’épisode de la rencontre avec les Londoniens dans le métro restera emblématique du film. Mais s’il est véridique (bien que ne s’étant pas forcément tenu dans le métro), il est un peu trop long et par trop lyrique. "Les Heures sombres" n’en reste pas moins un film marquant, dirigé de main de maître, sur une figure unique de l’Histoire mondiale : lumineux.
LA FICHE
Réalisateur : Joe Wright
Pays : Grande-Bretagne
Acteurs : Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn, Lily James, Ronald Pickup, Stephane Dilane, Nicholas Jones, Samuel West
Durée : 2h05
Sortie : 27 décembre 2017
Synopsis : Homme politique brillant et plein d’esprit, Winston Churchill est un des piliers du Parlement du Royaume-Uni, mais à 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier Ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies, alors que l’armée britannique est dans l’incapacité d’être évacuée de Dunkerque.
Alors que plane la menace d’une invasion du Royaume-Uni par Hitler et que 200 000 soldats britanniques sont piégés à Dunkerque, Churchill découvre que son propre parti complote contre lui et que même son roi, George VI, se montre fort sceptique quant à son aptitude à assurer la lourde tâche qui lui incombe. Churchill doit prendre une décision fatidique : négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie et épargner à ce terrible prix le peuple britannique ou mobiliser le pays et se battre envers et contre tout.
Avec le soutien de Clémentine, celle qu’il a épousée 31 ans auparavant, il se tourne vers le peuple britannique pour trouver la force de tenir et de se battre pour défendre les idéaux de son pays, sa liberté et son indépendance. Avec le pouvoir des mots comme ultime recours, et avec l’aide de son infatigable secrétaire, Winston Churchill doit composer et prononcer les discours qui rallieront son pays. Traversant, comme l’Europe entière, ses heures les plus sombres, il est en marche pour changer à jamais le cours de l’Histoire.
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