"Licorice Pizza", une très belle "histoire d'amour compliquée" signée Paul Thomas Anderson
Le nouveau film du réalisateur de "Boogie Nights", "Magnolia", "There will be blood" ou plus récemment de "Phantom Thread", arrive mercredi 5 janvier sur les écrans français. Une chronique très autobiographique dans le Los Angeles des années 70, avec de jeunes comédiens qui crèvent l'écran.
Sachez-le pour briller en société si jamais ce film est évoqué, une "licorice pizza" (traduction littérale : "pizza au réglisse") est une métaphore pour les disques vinyles. L'une des indications que le film est une ode aux années 70, et plus précisément à l'année 1973, celle du premier choc pétrolier, et d'une pénurie d'essence en Californie qui donne d'ailleurs lieu à plusieurs scènes cocasses.
Comme dans plusieurs autres films de Paul Thomas Anderson, l'histoire se déroule dans la San Fernando Valley, au nord-ouest de Los Angeles. Le cinéaste, né en 1970, a évidemment mis beaucoup de ses propres souvenirs d'enfance dans le film : "Disons que j'en ai mis autant que je pouvais, même si certains détails sont différents. Je n'ai pas ouvert de magasin de matelas à eau, je n'avais pas de flipper, mais c'est le quartier dans lequel j'ai grandi. J'ai aussi été amoureux de centaines de filles plus vieilles que moi,parce que je voulais être cool, et être autour d'elles. Donc les détails peuvent être un peu différents, mais le fond est le même : des petites arnaques, et une sorte de maturité émotionnelle."
Cette histoire, c'est donc celle de Gary Valentine, un adolescent mûr pour son âge, qui joue dans quelques shows télé, et qui le jour de la photo de classe du lycée tombe amoureux d'Alana Kane, plus âgée que lui, qui a fini le lycée et aimerait devenir photographe. Et au terme de "coming of age", ces œuvres racontant la transition d'un personnage de l'enfance vers l'âge adulte, Paul Thomas Anderson préfère définir son film comme une "histoire d'amour compliquée" qui va emmener ses protagonistes dans différents moments mémorables propres à l'époque.
Comme des professionnels
Comme souvent chez Paul Thomas Anderson, la mise en scène est virtuose, la bande-son idoine, et le rythme du film permet de bien installer l'atmosphère et les personnages. Les deux acteurs principaux, pourtant débutants, sont impressionnants. Alana Haim n'était jusqu'à présent connue aux Etats-Unis qu'en sa qualité de membre du groupe pop-rock du même nom, Haim, constitué de trois sœurs juives (qui jouent toutes dans le film), et Cooper Hoffman, le fils de Philip Seymour Hoffman, acteur fétiche d'Anderson décédé en 2014, n'avait jamais joué au cinéma. Il est parfait, avec des expressions de son père.
Deux acteurs débutants, donc, mais qui se sont imposés à Paul Thomas Anderson comme une évidence : "Si vous aviez été dans la pièce avec moi et eux, quand ils ont lu les répliques pour la première fois, vous auriez pensé vous aussi que c'était excellent ! C'est le genre de choses qui devant vous, apparaît tout de suite comme évident. Le seul truc que je pouvais leur donner, ce sont des indications sur l'approche des personnages, et un conseil basique mais essentiel : être en forme et vivre le projet à fond physiquement pendant 65 jours."
Et si le réalisateur reconnaît lui-même avoir mis dans le film ses amis, les enfants de ses amis et les amis de ses enfants dans une sorte de joyeux bazar improvisé, on retrouve quand même plusieurs acteurs expérimentés, dont Sean Penn, Tom Waits, et surtout Bradley Cooper irrésistible en Jon Peters, l'ex-amant et coiffeur de Barbra Streisand...
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