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"Liz et l'oiseau bleu" : une amitié particulière dans un manga animé émouvant

Naoko Yamada est une rare réalisatrice de manga au Japon. "Silent Voice" (2018) abordait le sujet de la surdité entre deux adolescents qui se retrouvaient des années plus tard. Son deuxième film, "Liz et l'oiseau bleu", prend des personnages du même âge en développant le thème des relations d’inimitié et d’amitié, voire plus si affinité… Un même raffinement habite les deux films, cette fois en effleurant le trouble amoureux qu’éprouve une jeune fille pour une autre.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Liz et l'oiseau bleu" de Naoko Yamada (KYOTO ANIMATION)

Une musique métaphorique

Dans un lycée, Nozomi est populaire auprès de toutes les élèves. Mizore, effacée et distante, l’admire éperdument, jusqu’à en éprouver une dépendance affective. La première, flûtiste, et la seconde au hautbois, répètent un morceau de musique, Liz et l’oiseau bleu, qui évoque à Mizore leur séparation irrévocable à la fin de l’année. Une échéance à laquelle elle ne peut se résoudre.

Naoko Yamada réduit le cadre de son film aux seuls murs du lycée et à la projection imaginaire par Mizore du morceau de musique qu’elle répète avec Nozomi. L’histoire d’une jeune campagnarde solitaire visitée par un oiseau bleu qui se transforme en fillette et avec laquelle elle lie une amitié sans borne, mais vouée à prendre fin. L’adolescente voit en la dramaturgie de cette pièce musicale la prémonition de la fin de son amitié pour Nozomi.

Des corps qui parlent

Adapté d’un manga (BD) de Ayano Takeda, Liz et l'oiseau bleu traduit une sensibilité très particulière, très japonaise, dans son expression de la sincérité et de la fidélité. Ce qui pourrait sembler de la sensiblerie en France, relève en fait d’une puissante énergie émotionnelle. Mais l’amitié de l’effacée Mizore pour l’exubérante Nozomi ne devient-elle pas purement et simplement de l’amour ? "Je ne pourrai jamais me passer de toi" lui dit-elle, en décidant de la suivre dans la même université pour ne pas la perdre.

"Liz et l'oiseau bleu" de Naoko Yamada (KYOTO ANIMATION)

Naoko Yamada met en images cette force émotionnelle en traitant le cadre du lycée dans des gris-bleus, dont la froideur contraste avec la luxuriance des couleurs du conte musical, métaphore des sentiments qu’éprouve Mizore. Mais c’est dans ses cadrages étranges et récurrents sur le bas des corps, les pieds notamment, que la réalisatrice étonne le plus. Comme si elle préférait suggérer les sentiments, par pudeur, pour éviter tout lyrisme. Une touche qui devient un style, emblématique d’un manga animé tout en délicatesse.

"Liz et l'oiseau bleu" de naoko Yamada (KYOTO ANIMATION)

La fiche

Genre : animation 
Réalisateur : Naoko Yamada
Pays : Japon
Durée : 1h30
Distributeur : Eurozoom

Synopsis
 : Nozomi est une adolescente extravertie et très populaire auprès de ses camarades de classe, doublée d'une talentueuse flûtiste. Mizore, plus discrète et timide, joue du hautbois. Mizore se sent très proche et dépendante de Nozomi, qu’elle affectionne et admire. Elle craint que la fin de leur dernière année de lycée soit aussi la fin de leur histoire, entre rivalité musicale et admiration. Les deux amies se préparent à jouer en duo pour la compétition musicale du lycée Kita Uji. Quand leur orchestre commence à travailler sur les musiques de Liz und ein Blauer Vogel ("Liz et l’Oiseau Bleu"), Nozomi et Mizore croient voir dans cette oeuvre bucolique le reflet de leur histoire d’adolescentes. La réalité rejoindra-t-elle le conte ?

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