"Lolo" de Julie Delpy : quand la caricature devient une force
Une comédie romantique comme on en vu des centaines. La quadra bobo parisienne qui rencontre un beauf de Biarritz dans toute sa splendeur. Ses chaussettes dans les sandales, sa chemisette, son prénom (Jean-René). Et surtout ses soirées du sud avec leur panoplie gagnante, nappe cirée, guirlande et sangria. En gros, l'énième romance improbable. On se dit alors que ce film va être long, très long.
C'était oublier notre si chère Julie Delpy. L'actrice-réalisatrice nous livre, une fois de plus, un film qui lui ressemble un peu. Insolent et tout plein de fantaisie. Car l'histoire d'amour entre Violette (Julie Delpy donc) et Jean-René (Dany Boon), on s'en fiche un peu. Embarqué, c'est pesé. Ça vous rassure ? Pour tout vous dire, nous aussi, ça nous a beaucoup rassuré.
Une relation presqu'incestueuse
Car l'histoire, c'est surtout celle de Lolo (Vincent Lacoste). Un jeune homme d'à peine 20 ans qui sous ses airs de petit artiste branchouille est surtout un sale gosse pourri gâté, orgueilleux à souhait, avec un petit côté "Tanguy" sur les bords. Mais Lolo a un autre problème : il nous fait un énorme complexe d'Œdipe.Alors quand Jean-René, le modeste informaticien biarrot, emménage à Paris pour le boulot, rien, mais alors rien ne se passera comme l'avait prévu les deux tourtereaux. C'est le moins que l'on puisse dire. Car Lolo est bien décidé à garder sa place de petit empereur.
Paradoxalement et avec cette comédie très bon enfant, Julie Delpy nous livre l'un de ses films les plus aboutis. Et quand le metteur en scène s'attribue le premier rôle, on ne peut pas s'empêcher d'y voir un début de confession. C'était le cas dans "Two days in Paris", "Two days in New-York" ou "Le Skylab" C'est encore le cas ici.
Julie Delpy a mûri. On le sent. Pour la première fois, sa famille n'a pas un rôle aussi omnipotent. On sentirait même Violette un peu déracinée, sans aucun ancrage familial. Elle n'est plus cette jeune femme un tantinet volage qu'elle se plaisait à incarner. Mais une mère de famille assez esseulée qui ne semble avoir qu'une seule amie, la prédatrice et indomptable Karin Viard. Celle qui est devenue maman ne parle plus de la sienne. Mais de sa relation à l'enfant. Ici assez étrange, presqu'incestueuse, avec Lolo.
Sans prétention et volontairement populaire
D'autres choses ne changent pas. Sa verdeur de langage, sa crudité sont toujours là. Et c'est tellement rafraîchissant de la savoir capable des transgressions les plus embarrassantes à chaque coin de rue. Et puis d'ailleurs, peu importe de pouvoir mesurer la part d'autobiographie tant ce film est réjouissant, innocent et un peu à l'image du rôle campé par Dany Boon, plutôt gentillet. Un peu naïf mais loin d'être idiot.Les regards sur les différents milieux dans lesquels évoluent les personnages sont caricaturaux. Tout le monde en rajoute des tonnes. Lolo est bien trop machiavélique. Jean-René trop niais. Violette trop mère poule. Mais tout ça à dessein. Car voilà la véritable force comique du film. Le jeu est excessif mais juste, toujours. Il y a quelque chose d'allénien chez cette nouvelle Delpy. Pas uniquement cette sorte de boulimie créative, mais ces obsessions. La mort, le sexe et l'amour s'entremêlent dans un spectacle jubilatoire, sans prétention et volontairement populaire. On en redemande.
Comédie de Julie Delpy – Avec Danie Boon, Julie Delpy, Vincent Lacoste et Karin Viard – Durée : 1h39. Sortie le 28 octobre 2015
Synopsis : En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s'adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.
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