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"Maestro", la magie d'une rencontre entre l'acteur et le maître

Un jeune comédien qui tire le diable par la queue se retrouve engagé par un vieux réalisateur, l'un des maîtres du cinéma d'auteur. Le tournage se révèle plein de surprises, et le comédien en sortira profondément changé. Léa Fazer s'est inspirée d'une histoire vraie entre Eric Rohmer et Jocelyn Quivrin pour ce film délicat et drôle.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Alice Belaïdi, Michael Lonsdale et Pio Marmai dans "Maestro"
 (© MANDARIN CINEMA – REZO FILMS NICOLAS SCHUL)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

Un film de Léa Fazer – avec Pio Marmai, Michael Lonsdale, Deborah François et Alice Belaïdi – Durée : 1h25 – Sortie : 23 juillet 2014

Synopsis : Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans "Fast & Furious", se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.
Ce film est né d'une histoire vraie : celle de la rencontre de l'acteur Jocelyn Quivrin et d'Eric Rohmer sur le tournage des "Amours d'Astrée et de Céladon". Profondément marqué par cette expérience, Quivrin aurait voulu en faire un film, le réaliser, en tenir le rôle principal… Il est mort trop tôt. Léa Fazer, qui l'avait fait travailler dans "Notre Univers impitoyable" a repris le flambeau, pour raconter comment un monstre sacré du 7e art a ouvert à un jeune homme un passage vers la culture.
Le résultat aurait pu être pesant et grave, c'est tout le contraire qui se produit. Léa Fazer signe un film aérien et pétillant. Et très souvent drôle. "Maestro", c'est la confrontation entre deux univers. Le jeune insouciant, fan de bagnoles et de jeux vidéos, plongé dans un bain d'intellos. Avec moins d'intelligence, le film aurait pu tourner au ridicule, à la caricature… mais il y règne une forme de grâce, tout s'emboite de façon assez jubilatoire.
  (MANDARIN CINEMA – REZO FILMS NICOLAS SCHUL)
Michael Lonsdale est épatant, plein d'autodérision, lui qui a tant donné dans le cinéma d'auteur. "Zut, la barbe" crie-t-il à ses acteurs, lui qui prône le non-jeu, puisque "le texte suffit".

Son tournage est bancal, avec des bouts de ficelles, mais l'équipe est si flattée de cotoyer le génie qu'elle fait toutes les concessions. Cédric Rovère (Michael Lonsdale) change la distribution des rôles en cours de route ? Il demande brutalement à son acteur d'apprendre le biniou ? Tout le monde suit, perplexe, mais avec fidélité. Le vieux maître doit bien savoir ce qu'il fait.
  (MANDARIN CINEMA – REZO FILMS NICOLAS SCHUL)
Sur ce tournage fauché, les nerfs sont soumis à rude épreuve. La coiffeuse craque, n'arrivant pas à trouver un déguisement de plus pour l'unique figurant présent dans tellement de scènes ; accroché à sa perche, l'ingénieur du son sort de ses gonds afin de pouvoir enfin enregistrer un "son seul" au milieu des bavardages.

Le film est rythmé, émouvant et drôle, servi par une image chaude, impeccable. On pourra même trouver ici et là des effluves allenniennes, dans le rythme, l'esquisse des personnages, la bienveillance et l'humour. Le film, ce qui ne gâte rien, ne rate pas sa fin, alors que les portes de mauvaises sorties se présentaient comme une évidence.

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