"Mal de pierres", le troublant mal-être de Marion Cotillard

"Elle est malade. Ce sont les nerfs…" Gabrielle cause bien des tracas à sa famille qui souhaite, avant tout de chose, sauver les apparences. La jeune femme est rebelle, remplie d'une passion bouillante qui fait désordre dans son milieu petit-bourgeois de la fin des années 50. Pour sa mère, il n'y a que deux solutions possibles : la faire interner ou la caser avec le premier venu, l'homme fort qui saura l'éloigner, supporter son caractère, ses extravagances et son goût de la liberté.

C'est José, un saisonnier espagnol, qui sera l'élu. Lui a les nerfs solides et ça tombe bien, car ils vont être mis à rude épreuve. José avale les couleuvres contre une promotion sociale orchestrée par la famille. Ce couple n'en est pas un, même si, souvent, il ne manque pas grand-chose pour que ces deux-là se rencontrent enfin. Mais Gabrielle a la tête ailleurs, elle ne peut se contenter d'un mariage arrangé. Ce sera le grand amour ou rien.

Nicole Garcia filme joliment son héroïne, Marion Cotillard, souvent captive (de sa famille, de son mari ou de l'établissement thermal qui la soigne), jouant avec subtilité de l'omniprésence de l'eau (celle du lac, apaisante et qui calme ses fièvres, celle brutale des jets puissants qui lui attaquent le dos et les hanches lors des séances de thalasso, ou encore la mer où pousse sa maison, ou le Rhône sur les rives duquel un amant s'est perdu…).

Si la réalisation est classique, Nicole Garcia donne de la chair à ces histoires d'amours qui se connectent pas, à ces contretemps des passions. Marion Cotillard est touchante, habitée d'un mal de vivre palpable. Dans le reste de la distribution, on retiendra surtout Alex Brendemühl, mari de façade, digne et encore prêt à espérer, amoureux silencieux de la femme qui se refuse à lui.

"Marion Cotillard à Cannes", reportage France 2 : P. Deschamps / N. Haytter / V.Bouffartigue / G. Pinol / J-P. Bosch / P. Goldmann