Marion Cotillard et Brad Pitt, "Alliés" mélodramatiques
Nostalgia
En réunissant deux des plus célèbres têtes d’affiche du moment, Robert Zemeckis marche dans les pas du grand Hollywood, en alliant drame de la Seconde Guerre mondiale et glamour. La partie introductive d’"Alliés" située à Casablanca en 1942 est une citation transparente au film éponyme de la ville marocaine de Michael Curtis, justement de 1942. La reconstitution du couple mythique Bogart/Bergman en Brad Pitt et Marion Cotillard, en est une autre. Zemeckis joue aussi du suspense sentimental du film de Curtis en remplaçant les retrouvailles hypothétiques de ses personnages par celui de deux espions amoureux que la guerre pourrait tout autant séparer.Plutôt que réaliser un remake, Zemeckis tire "Alliés" vers l’action, en mettant en scène la guerre, dans l’attentat à l’ambassade d’Allemagne de Casablanca, le blitz de Londres et l’opération commando en France. Force est de reconnaître que la mixture prend assez bien, sauf dans sa dernière partie, où l’intervention de Brad Pitt avec l’aide de résistants français dans un hospice pour innocenter sa femme, s’avère un démarquage maladroit d’"Inglourious Basterds" (2009), de Quentin Tarantino. La présence dans les deux films de Brad Pitt ne fait que souligner le ridicule de cette scène, le français approximatif de Pitt, déjà présent chez Tarantino, forçant le trait.
Mésalliance
Le meilleur est rassemblé dans la première partie, marocaine et londonienne, où l’on goûte le sirop de cet amour improbable entre une Française résistante et un Américain en mission. La scène d’amour dans la voiture au milieu du désert prise dans une tempête de sable, filmée par une caméra tournoyante, est un beau moment de mise en scène. Tout comme l’accouchement dans la cour de la maternité de Londres sous les bombes. Il fallait oser. La suite est plus convenue, avec son couple rangé des voitures, jusqu’à la suspicion de contre-espionnage de Marianne (Marion Cotillard) et la volonté à toute épreuve de Max (Brad Pitt) de l’innocenter dans une mission peu crédible traitée avec indigence.
Le film passe d’une ambition toute nostalgique et assumée du grand Hollywood, à un mélo des plus convenus et maladroits. Robert Zemeckis fait montre de ses talents de metteur en scène, en évitant le ratage complet qu'on aurait pu attendre d'un scénario aussi simpliste. Malheureusement il s'embourbe dans une conclusion à laquelle il ne croit pas lui-même. Le nom du personnage de Marion Cotillard, Marianne Beauséjour, est déjà très peu crédible, même si l’actrice oscarisée, nimbée d’un glamour impeccable, prend son rôle à cœur. Brad Pitt, plus cool que jamais, pâtit, lui, du bistouri esthétique (mais heureusement pas autant que Tom Cruise dans Jack Reacher). Zemeckis se fourvoie à vouloir le faire passer pour un usurpateur français aux yeux des Allemands, autre blague empruntée à Tarantino. Le verre est à moitié vide ou à moitié plein, c’est selon, mais l’alliage impossible.
LA FICHE
Drame de Robert Zemeckis (Etats-Unis) - Brad Pitt, Marion Cotillard, Lizzy Caplan, August Dieh, Jared Harris, Thierry Frémont - Durée : 2h01 - Sortie : 23 novembre 2016
Synopsis : Casablanca 1942. Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.
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