"Megalopolis" : le baroud d'honneur psychédélique de Francis Ford Coppola

Absent des écrans depuis 2012, Francis Ford Coppola est de retour avec "Megalopolis" qui a tout d'un premier film de jeunesse. Un comble pour un tel vétéran, mais signe de fraîcheur et d'enthousiasme.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Adam Driver et Nathalie Emmanuel dans le film "Megalopolis" de Francis Ford Coppola (2024). (LE PACTE)

L'étrange nouveau film de Coppola relève de la prospective fiction, à savoir une science-fiction peu éloignée dans le temps. Rempli de références antiques, Megalopolis a toutes les qualités et les défauts d'un premier long-métrage, alors que Coppola en a trente-deux derrière lui.

Le réalisateur semble s'être lâché dans Megalopolis, projet qu'il a dans ses cartons depuis des années et qu'il a financé notamment en vendant une partie de ses vignobles. Iconoclaste, Megalopolis sort en salles mercredi 25 septembre. 

Nourri de grandes ambitions thématiques

Paradoxalement, ce 33e film de Francis Ford Coppola a les excès d'un premier essai, avec sa liberté de ton, sa facture approximative, bourré d'effets de mise en scène et d'effets spéciaux bricolés, comme s'il fabriquait une production Roger Corman (spécialiste des séries B, avec lequel il a débuté) de luxe. Nourri de grandes ambitions thématiques, Megalopolis traite des jeux de pouvoir et du temps.

Dans un futur proche, les élections municipales dans la ville de New Rome, aux États-Unis, opposent César Catalina (Adrian Driver), artiste idéaliste qui a le pouvoir d'arrêter le temps, et le maire ultra-conservateur Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito). La fille de ce dernier, Julia (Nathalie Emmanuel), amoureuse de César, va devoir faire le choix de sa vie, décision qui reflète celle que prendront les électeurs entre deux idéologies et choix de société.

Esthétique seventies

Francis Ford Coppola prend la tangente et part en roue libre dans un film foutraque, où les ambitions vertigineuses du scénario contrastent avec les moyens limités d'une série B. Le réalisateur ne prend pas son sujet au sérieux, tout en en revendiquant la profondeur et les thèmes abordés. À 85 ans, Coppola réalise un film à l'esthétique psychédélique, datée années 1970 et sa thématique opposant libertaires et conservateurs, avec l'amour qui s'immisce entre les deux, est très juvénile. Sans parler d'une mise en scène aux effets soulignés, comme si Coppola parodiait un film idéal qu'il aurait rêvé de réaliser au début de sa carrière, dans les années 1960.

Francis Ford Coppola s'amuse, mais perd son public, tant le projet s'avère personnel (mégalomane), tout en traitant de sujets universels, idéologiques, politiques, sociaux et sociétaux. Les défauts de Megalopolis sont comme revendiqués, au cœur d'une sophistication que l'on décèle dans chaque plan. Film paradoxal, Megalopolis touche par cette confidence que semble faire Coppola, mais qui risque de perdre des spectateurs sur le bord du chemin.

La fiche

Genre : Drame/Science-fiction
Réalisateur : Francis Ford Coppola
Acteurs : Adam Driver, Giancarlo Esposito, Nathalie Emmanuel, Jon Voight, Aubrey Plaza, Shia LaBeouf, Jason Schwartzman, Talia Shire
Pays : États-Unis
Durée : 2h18
Sortie : Mercredi 25 septembre
Distributeur : Le Pacte
Synopsis : "Megalopolis" est une épopée romaine dans une Amérique moderne imaginaire en pleine décadence. La ville de New Rome doit absolument changer, ce qui crée un conflit majeur entre César Catilina, artiste de génie ayant le pouvoir d'arrêter le temps, et le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Le premier rêve d'un avenir utopique idéal alors que le second reste très attaché à un statu quo régressif protecteur de la cupidité, des privilèges et des milices privées. La fille du maire et jet-setteuse Julia Cicero, amoureuse de César Catilina, est tiraillée entre les deux hommes et devra découvrir ce qui lui semble le meilleur pour l'avenir de l'humanité.

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