"Métamorphoses" : Christophe Honoré adapte Ovide avec verve
3 / 5 ★★★☆☆
De Christophe Honoré (France), avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Mélodie Richard, Damien Chapelle, George Babluani -1h42 - Sortie : 3 septembre 2014
Synopsis : Devant son lycée, une fille se fait aborder par un garçon très beau mais étrange. Elle se laisse séduire par ses histoires. Des histoires sensuelles et merveilleuses où les dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Le garçon propose à la fille de le suivre...
Le jeu des dieux
"Des femmes, des hommes et des dieux" prévient l’affiche. En effet le film parvient à transmettre ce qui fait le sel de la mythologie grecque : ces histoires de dieux fascinés par l’humanité qui interviennent dans son cours, parfois avec amour, d’autres fois avec cruauté. Christophe Honoré traduit ces sentiments partagés avec de jeunes acteurs talentueux en partageant son film en trois parties : "Jupiter et Europe", "Europe et Bachus", enfin "Europe et Orphée".
Europe est au cœur de la fable. Femme, elle est convoitée par le dieu des dieux, Jupiter, qui la livre ensuite à Bacchus, puis se retrouve sous l’emprise du poète-héros Orphée. Europe quitte le monde des hommes, pour mieux y revenir. Son parcours initiatique est ponctué d’expériences pleines de sensualité mais aussi terribles, où elle vérifie la perfidie des êtres supérieurs, qui font de l’humanité leur jouet de prédilection en les transformant, les pétrissant à leur guise.
Les faiblesses des dieux
Le corps est au centre des "Métamorphoses". Christophe Honoré dénude à loisir ses personnages. Zeus (Jupiter) a trompé à maintes reprises son épouse Héra (Junon) avec des terriennes, succombant à leur charme, engendrant des demi-dieux comme Hercule. Ces adultères divins engendrèrent plus d’une fois le courroux de son épouse, provoquant des vengeances cruelles sur les hommes et les femmes. Qu’elles émanent de Jupiter ou de Junon, ces métamorphoses son comme des punitions. Mais elles soulignent aussi le pouvoir de l’humanité sur les dieux, en montrant leurs faiblesses.
Christophe Honoré remporte son pari avec une certaine élégance. Il ne tombe pas dans l’écueil des effets spéciaux pour visualiser ses métamorphoses. On est loin d’un film fantastique, mais en accord avec l’original, en pleine poésie. Il parvient à ses fins par des effets de montage, toujours en pleine lumière, passant d’une cité de banlieue à sa campagne alentour. Le film n’a que très peu d’intérieurs. Tout ou pratiquement tout se déroule en extérieur, dans un cosmos mythologique, où les éléments, terre, air et eau sont prioritaires, le feu se retrouvant dans les passions. Un beau défi relevé avec tact, loin des sentiers battus : révisez vos classiques.
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