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"Mister Babadook" : une peur contaminatrice

Le cinéma australien entretient un lien très particulier avec le fantastique. Jennifer Kent qui a déjà œuvré dans le genre dans un court-métrage récompensé un peu partout et à la télévision, confirme cette originalité avec "Mister Babadook", fondé sur les peurs enfantines qui vont contaminer une jeune veuve confrontée à un fils au comportement incontrôlable.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Essie Davis et Noah Wiseman dans "Mister Babadook" de Jennifer Kent
 (Wild Bunch Distribution )
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Jennifer Kent (Australie), avec : Essie Davis, Noah Wiseman, Daniel Henshall - 1h34 - Sortie : 30 juillet 2014

Synopsis : Depuis la mort brutale de son mari, Amelia lutte pour ramener à la raison son fils de 6 ans, Samuel, devenu complètement incontrôlable et qu'elle n'arrive pas à aimer. Quand un livre de contes intitulé 'Mister Babadook" se retrouve mystérieusement dans leur maison, Samuel est convaincu que le "Babadook" est la créature qui hante ses cauchemars. Ses visions prennent alors une tournure démesurée, il devient de plus en plus imprévisible et violent. Amelia commence peu à peu à sentir une présence malveillante autour d’elle et réalise que les avertissements de Samuel ne sont peut-être pas que des hallucinations...

Le monstre sous le lit
Comment contrôler nos enfants ? Le film de Jennifer Kent explore le quotidien d'une jeune veuve avec son fils. La mère se voit envahie par les fantasmes de son garçon, qui prennent peu à peu pouvoir sur elle. Elle se retrouve rongée par la perte de son mari que son fils lui renvoie… Tous deux vont binetôt être "mangés"par le "Babadook", le monstre issu d'un mystérieux ouvrage.

La réalisation de Jennifer Kent est très sombre. Tout le film se déroule pratiquement la nuit. Elle y induit constamment la peur de ce qui se cache sous le lit, dans l’armoire, avec un réalisme rendu à chaque fois sensible, par une poésie visuelle, émotionnelle, mais sans jamais tomber dans le spectaculaire. Pour ce faire, l’interprétation est évidemment indispensable. Et le jeune Noha Wiserman, au côté de sa mère Essie Davies, est très remarquable. Ce qui pourrait être un film d’épouvante lambda, ne l’est nullement.

Noah Wiseman dans "Mister Babadook" de Jennifer Kent
 (Wild Bunch Distribution )

Film de passage
Jennifer Kent parle d’un trauma. Celui de la perte du père et de la gestion d'un fils turbulent.Très beau sujet qu’elle traite sur le registre du fantastique en faisant intervenir un "objet" venu de nulle-part. De nulle-part ? Non, de son fils. C’est lui qui introduit ce livre, surgi d’on ne sait-où et qui va les contaminer.

L'interrogation sur la mort hante le film. "Mister Babadook" est un film de passage. Celui d’un enfant qui transmet ses angoisses à sa mère, afin de parvenir à vivre. On a comparé le film à "Insidious", qui relevait d’une démarche plus commerciale. "Mister Babadook" reste définitivement dans le genre fantastique, mais avec bien d'autres ambitions que celle d'épouvanter.  Malgré quelques longueurs très pardonnables, "Mister Babadook" est plein d’originalité et habité de ce fantastique des antipodes. Fascinant.

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