"Moi Capitaine" : Matteo Garrone s’attaque au sujet des migrants d’Afrique dans un périple épique

Le réalisateur de "Gomorra" filme une fresque migratoire à travers l’Afrique, entre enfer et quête de liberté.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Seydou Sarr dans "Moi Capitaine" de Matteo Garrone (2023). (GRETA DE LAZZARIS)

Après la mafia de Gomorra, la célébrité dans Reality, ou la vengeance dans Dogman, Matteo Garrone se consacre aux migrants dans Moi Capitaine qui sort mercredi 3 janvier. Film odyssée, en pleine actualité, il suit deux adolescents africains qui ont fait le choix de rejoindre l’Europe.

Souffle épique


Jeunes Sénégalais de 16 ans, Seydou et Moussa décident de quitter leur village pour migrer en Europe. Un périple de quelque 8 000 kilomètres les attend, où est mis à mal leur espoir d’une vie meilleure. Une traversée du désert, des guerres et emprisonnements, se succèdent sur leur route pour rejoindre la Libye, où ils espèrent traverser la Méditerranée pour l’Italie.

Précision et construction du récit, mise en scène prenante et montage rythmé se retrouvent dans les films de Matteo Garrone depuis Gomorra en 2008. Il se renouvelle dans Moi Capitaine, une épopée picaresque à travers l’Afrique d’ouest en est, vers l’Eldorado européen. Le réalisateur italien imprègne son film d’un souffle épique dans ce qui pourrait être un Lawrence d’Arabie du pauvre. 

Miroir aux alouettes


La guerre du film de David Lean laisse place à un autre combat, et d’autres conflits. À la lutte contre les éléments dans la traversée du désert succèdent les hostilités en Libye, la prison, les gangs, les arnaques des passeurs… L’amitié et les espoirs de Seydou et Moussa résisteront-ils à l’épreuve ? Leur propre vie est menacée à chaque étape, dans un périple de tous les dangers, où les sentiments n’ont guère de place.

C’est pourtant la candeur dénuée de naïveté, éclairée d’intelligence, qui va guider Seydou, porté par une foi en lui-même et ses objectifs : extirper lui et les siens de la misère. Mais Garrone ne manque pas de noircir ce miroir aux alouettes que constitue l’Europe pour les jeunes Sénégalais, et beaucoup d’autres. De ce point de vue, Moi Capitaine évoque Bako, l’autre rive (1979), film essentiel sur le sujet de Jacques Champreux. Comme lui, Matteo Garrone privilégie la conviction et la force qu’en tire Seydou pour parvenir à ses fins. Mais le style épique et la photographie sophistiquée de l’Italien pourraient attiser des critiques visant l’esthétisation d’un drame humain. Toutefois, si Matteo Garrone filme avec ampleur son exode, c’est que les enjeux et investissements sont énormes pour ceux qui prennent la route et la mer.

L'affiche de "Moi Capitaine" de Matteo Garrone (2023). (PATHÉ)

La fiche

Genre : Drame
Réalisaeur : Matteo Garrone
Acteurs : Seydou Sarr, Moustapha Fall, Issaka Sawadogo
Pays :  Italie / Belgique / Luxembourg / France
Durée :  2h02
Sortie : 3 décembre 2024
Distributeur : Pathé

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Seydou et Moussa, deux jeunes Sénégalais de 16 ans, décident de quitter leur terre natale pour rejoindre l’Europe. Mais sur leur chemin, les rêves et les espoirs d’une vie meilleure sont très vite anéantis par les dangers de ce périple. Leur seule arme dans cette odyssée restera leur humanité.

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