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"Nerve", le prix du danger dans un cyber-thriller efficace

On se souvient du "Prix du danger" d’Yves Boisset en 1983, où le participant à un jeu télévisé voyait sa vie mise en péril par les épreuves qui lui sont soumises sous les yeux de téléspectateurs de plus en plus avides de sensations. Le film prédisait les programmes de téléréalité 13 ans avant l'heure. "Nerve" reprend un sujet semblable électrisé par les réseaux sociaux.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dave Franco et Emma Roberts dans "Nerve" de Ariel Schulman et Henry Joost
 (Studiocanal GmbH / Niko Tavernise)

Cyber-réalité

"Nerve", réalisé à quatre mains par Ariel Schulman et Henry Joost, est leur sixième collaboration sur un long métrage, dont notamment deux opus de "Paranormal Activity". C’est dire si leur cible vise les adolescents et les jeunes adultes, ce qui se vérifie dans "Nerve", où les personnages sont issus de ces deux classes d’âge. C’est aussi elles qui sont les plus addicts à la cyberculture et au Smartphone en particulier, tout comme aux programmes de téléréalité, deux pierres d’angle au cœur du film. Le sujet met en effet les deux concepts en phase, sur un réseau parallèle, ce qui ne devrait pas tarder à se vérifier, si ce n’est déjà fait…

A ce titre, "Nerve" met en équation plusieurs thèmes qui mettent à plat des problématiques déduites de ces tendances. Et elles sont nombreuses : la fascination pour les nouvelles technologies, les réalités virtuelles, l’exhibition de son intimité, la célébrité, l’argent, la mise en danger ludique de sa propre vie… Le principal atout du film est de mettre en perspective toutes ces composantes participatives d’une génération biberonné à l’Internet et la téléréalité. Le talent, lui, relève d’une mise en scène divertissante, jouant de la science-fiction dans la prospective du jeu "Nerve" et d’une esthétique aux couleurs électriques, alliée à un rythme nerveux et à des ambiances nocturnes propres au thriller et au film noir.

Emma Roberts dans "Nerve" de Ariel Schulman et Henry Joost
 (Studiocanal GmbH / Niko Tavernise)

Roulez jeunesse

On pense à "Strange Days" (1996) de Kathryn Biglow, où la réalité virtuelle était au cœur du sujet. La présence de la trop rare Juliette Lewis dans "Nerve" est d’ailleurs un clin d’œil au film. Si peu de ses prestations sont arrivées jusqu'à nous, la jeune Emma Roberts (25 ans) a déjà une belle carrière derrière elle et fait montre de tout son professionnalisme, dans une interprétation très physique, tout en jouant du drame et de la comédie. Son partenaire, Dave Franco (31 ans), est du même acabit, mais mieux connu, avec des films tels que "Insaisissable 2" ou "Nos pires voisins". La jeunesse est au cœur de "Nerve", tant chez les réalisateurs (34 et 35  ans), que les acteurs, le sujet ou le public ciblé.

La cohérence est entière et se voit à l'écran. Il y aurait presque du trop plein dans "Nerve", tant tous les aspects du sujet sont abordés. Mais les deux cinéastes s'en tirent à merveille, avec des choix esthétiques judicieux et efficaces, une mise en scène dynamique et nerveuse, où ne manque ni poursuite, ni suspense, ni romance ou humour. Un carton plein où tous les nerfs sont mobilisés.

"Nerve" : l'affiche française
 (Metropolitan FilmExport)

LA FICHE

Thriller/Science-fiction de Ariel Schulman et Henry Joost (Etats-Unis) - Avec :  Emma Roberts, Dave Franco, Emily Meade, Miles Heizer, Machine Gun Kelly - Durée : 1h37 - Sortie: 24 août 2016

Synopsis : En participant à Nerve, un jeu qui diffuse en direct sur Internet des défis filmés, Vee et Ian décident de s’associer pour relever des challenges de plus en plus risqués et gagner toujours plus d’argent. Mais bientôt les deux "Joueurs" s’aperçoivent que leurs moindres mouvements sont manipulés par une communauté anonyme de "Voyeurs". Le jeu vire au cauchemar. Impossible de l’arrêter…

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