Noëlle Châtelet : "La dernière leçon" n'est pas un film pathétique
Dix ans après la sortie de "La dernière leçon", Noëlle Châtelet qui est la soeur de Lionel Jospin, a accepté de "donner" son histoire à la réalisatrice Pascale Pouzadoux. Récit autobiographique émouvant, le livre aborde très frontalement le sujet douloureux de la fin de vie d'un proche.
Invitée sur le plateau de France 3 Ile de France, Noëlle Châtelet revient sur ce récit initiatique d'une beauté puissante et lumineuse et sur les choix des politiques actuelles face à la fin de vie et les questions de bioéthique.
Apprivoiser la mort
Noëlle Châtelet a raconté sa propre histoire, celle d'une fille qui doit accepter le choix de sa mère de se suicider avant d'aller trop mal. Sans pathos et avec beaucoup d'anecdotes gaies et légères, le livre est le récit de cette "mort choisie" et, d'une certaine façon, entreprend de briser un tabou, d'apprivoiser une peur. "Le film joue sur le même désir : parler avec la mort, la regarder venir avec le sens de l'humanité et du partage".Rester dans le fictif
Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire incarnent la mère et la fille de cette histoire poignante. Pour la comédienne âgée aujourd'hui de 83 ans, Mireille Jospin voulait "partir debout". Lorsqu'elle évoque les personnages et le scénario, Sandrine Bonnaire est encore bouleversée par "cette histoire qui rassemble et qui parle des derniers instants de vie".Le scénario, s'il s'appuie sur un fait réel, reste dans le domaine de la fiction. "Il n'était pas question d'entrer dans l'intimité de notre famille", souligne Noëlle Châtelet. "La famille étant fictive, le film a permis de mettre en scène de personnages qui tous à leur manière pose la question du geste de ma mère".
Reportage : N. Hayter / S. Gorny / GA. Dolz / C. Labasque
Le droit à mourir
Porté par Marthe Villalonga et Sandrine Bonnaire, le film connait un accueil très chaleureux face à cette question de société sensible. "Les gens ont envie de briser ce tabou et le film adresse un message aux politiques et aux législateurs. Il faut exiger le droit à mourir le jour où on le voudra, quand on le voudra et avec nos proches et on en est loin", souligne l'auteure fortement engagée dans ce combat.Une leçon universelle
En 2004, le livre avait été couronné du Prix Renaudot des Lycéens. Adaptée aujourd'hui en film, l'histoire de Noëlle Châtelet est éclairée par d'autres images. Pour l'auteure c’est un peu refaire vivre sa mère, et c’est en même temps expérimenter une forme de dépossession. Elle propose dans son nouveau récit, "Suite à la Dernière leçon" une réflexion au fil des jours et des mois, jalonnée par l’actualité sur le sujet. "Il a fallu que je grandisse et que j'avance dans l'idée qu'il était nécessaire que la leçon de ma mère soit porté encore plus haut et plus fort ; le film m'en donnait la possibilité".Synopsis de "La dernière leçon"
Madeleine, 92 ans, décide de fixer la date et les conditions de sa disparition. En l’annonçant à ses enfants et petits-enfants, elle veut les préparer aussi doucement que possible, à sa future absence. Mais pour eux, c’est le choc, et les conflits s’enflamment. Diane, sa fille, en respectant son choix, partagera dans l’humour et la complicité ces derniers moments.
Sortie le 4 novembre 2015
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