"Nymphomaniac - Volume 1" : Charlotte et von Trier nous envoient en l'air
De Lars von Trier (Danemark/Allemagne/France/Belgique), avec : Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin; Shia LaBeouf, Christian Slater, Jamie Bell, Uma Thurman, Willem Dafoe - 1h50 - Sortie : 1er janvier 2014.
Synopsis : La folle histoire d'une femme, de sa naissance jusqu'à l'âge de 50 ans, racontée par elle, Joe, qui s'est auto-diagnostiquée nymphomane. Par une froide soirée d’hiver, le vieux et charmant célibataire Seligman la découvre dans une ruelle, rouée de coups. Après l'avoir ramenée chez lui, il soigne ses blessures et l’interroge sur sa vie. Seligman écoute intensément Joe qui lui raconte en huit chapitres le récit de sa vie aux multiples ramifications et facettes, riche en associations et en incidents de parcours.
Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? D’emblée, un carton annonce que le film projeté est censuré et qu’une version de 5h30 nous attend sous peu. Voilà bien une blague à la von Trier, sachant que son sujet provoc’ ne passerait pas comme cela. A la vision de ce premier chapitre, il se suffit bien à lui-même. Qu’y rajouter ? Un sexe masculin ou deux ? What else ?
Non, ce premier pan d’un diptyque annoncé est bien assez turgescent, sans qu’on lui rajoute quoi que ce soit. Cette biographie imaginaire d’une nymphomane en dit assez pour que l’on s’en contente. Racontée par Charlotte Gainsbourg, elle est jouée par Stacy Martin à l’écran. Justification ? Parce qu’elle est adolescente. Mon œil. C’est sa schizophrénie que visualise ainsi le cinéaste. Elle semble avoir la vingtaine d’années par moment. Mais cela n’a aucune importance. Lars von Trier n’est pas dans le réalisme, mais dans le sens.
Décidément, depuis « Melancholia », le Danois volant a retrouvé de l’inspiration. « Nymphomaniac » premier volet est un grand délire visuel en phase, cohérent, avec son réalisateur. Manipulateur de son public au premier chef, cette histoire de censure lui va bien. Nous verrons bien ce qu’il en adviendra, mais on peut s’attendre à une belle arnaque, comme il les aime.
Poilade
Oui, l’on rit beaucoup à la vision de « Nymphomaniac ». Le titre prête déjà à rire, quand on connaît le sujet et son réalisateur. C’en est trop. Lars von Trier ne déçoit pas : provocateur par son sujet, l’histoire d’une nymphomane, il la découpe sous toutes les coutures. Son initiation, son addiction progressive, ses aventures successives, notamment celle avec le mari d’Uma Thurman et ses enfants qui sortent de la cave, pour les surprendre. Hilarant. L’épisode du père est par contre un peu lourd. Pour l’occasion von Trier passe de la couleur au noir et blanc, comme il aime bricoler les langages du 7e art, très bien d’ailleurs. Mais bon, comment faire sans, comment ne pas évoquer ce père ?
Lars von Trier a toujours joué du cinéma pour le magnifier. C’est encore visible dans ce premier chapitre de « Nymphomaniac », dont le titre évoque une franchise d’horreur d’Hollywood, comme « Maniac », ou « Scream ». Quelle rigolade, sans être trivial, sur un sujet si sérieux. Lars von Trier nous entraîne du début à la fin (?) dans ce périple que ne renierait pas un Cronenberg, en nous rendant nous-même addict, jusqu’à la suite attendue le 29 janvier. Jouissif.
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