"On est entre le quart et le tiers de la fréquentation normale" : les salles de cinéma désertées par les spectateurs
Alors que les cinémas sont autorisés à rouvrir depuis le 22 juin, le public se fait toujours attendre. De nombreuses salles accusent des baisses record de fréquentation, comme à Palaiseau, en Essonne.
Dans l'après-midi du dimanche 2 août, quatre films sont programmés en même temps dans ce cinéma à Palaiseau (Essonne). Pourtant, même si les séances ont commencé, seules "trois salles tournent avec un petit peu de monde", observe Gérard Lemoine, le directeur de l'établissement. "Nous on est contents, enfin non pas contents, mais on se dit que c'est pas mal par rapport à la moyenne". Signe de ce marasme dû à la crise sanitaire, à Paris, le Grand Rex a décidé de fermer à partir de lundi 3 août pour tout le mois et pour la première fois de son histoire, alors que les spectateurs désertent les salles obscures.
En tout, sur les 550 places disponibles dans le cinéma de Palaiseau, une cinquantaine seulement sont occupées, notamment par Marie. "Je trouve que c'est un peu triste parce que j'aime bien, par exemple pour les films comiques, entendre les gens rire. C'est quand même une ambiance." Elle va justement voir une comédie, Terrible jungle. Et elle pourra au moins rire avec Sylvie, qui vient au cinéma chaque dimanche et qui se retrouve elle aussi souvent dans une salle vide. "On est souvent tout seuls. Pour respecter les distances, il n'y a pas de souci. On ne va pas se plaindre, mais je ne pense pas que ce soit rentable."
Le report de la sortie des superproductions américaines plombe la fréquentation
Ce que confirme le directeur du cinéma : "On est entre le quart et le tiers de la fréquentation normale, on est très en deçà de toute rentabilité." D'après lui, le public de cinéphiles, fidèle, est toujours là, mais ce qui plombe la fréquentation, ce sont les grosses productions américaines, qui représentent d'habitude plus de la moitié des entrées l'été et dont la sortie a été reportée à cause du coronavirus.
"A priori c'est là que le bât blesse, il y a une partie du public qui vient au cinéma tous les trois mois voir le gros Disney ou la grosse production américaine", explique Gérard Lemoine. "Et celle-là, comme on ne l'a pas, il ne vient pas forcément voir Scooby ! ou un joli film français."
Si on arrête complètement la machine, les gens vont encore plus perdre l'habitude de voir des films sur grand écran. On ne défend pas que les salles, mais aussi toute une création française.
Gérard Lemoine, directeur d'un cinémaà franceinfo
Mais pour lui, hors de question de fermer, comme le font d'autres salles cet été. "Si on baisse les bras, et qu'actuellement on dit 'je vais fermer et je ne passerai pas les films français', cela veut dire qu'on baisse les bras pas uniquement pour les salles de cinéma, mais qu'on le fait aussi pour nos confrères de la distribution et de la production françaises." Lui ne voit pas de retour à la normale avant l'automne et demande de nouvelles aides de l'Etat pour tenir encore à perte pendant plusieurs mois.
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