"Or de vie" : le film de Boubacar Sangaré documente sans fioritures la vie d'un jeune orpailleur au Burkina Faso

Rasmané, 16 ans, espère "atteindre l'or" sur le site d'orpaillage de Bantara, au Burkina Faso. Le cinéaste Boubacar Sangaré l'a suivi dans une quête qu'il partage avec des milliers d'autres enfants burkinabè.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Rasmané, jeune orpailleur burkinabè, est le héros du documentaire de Boubacar Sangaré, "Or de vie", en salles le 5 juin. (LES FILMS DE LA CARAVANE)

Or de vie, en salles depuis le 5 juin, est une vie d'adolescent et d'orpailleur filmée durant trois années par le cinéaste burkinabè Boubacar Sangaré. Son premier long métrage documentaire pour le cinéma est un portrait de Rasmané, dont on découvre pour la première fois le visage juvénile à l'âge de 16 ans. Il officie sur le site d'orpaillage de Bantara, dans le sud-ouest du Burkina Faso. Pour "atteindre l'or", expression consacrée pour désigner la quête du métal précieux, il se plie à un environnement rude et à une activité risquée.  

L'éventualité d'un accident mortel dans les galeries est un sujet inévitable entre jeunes et moins jeunes. Mais c'est le prix à payer pour Rasmané, qui ne vit plus avec ses parents et aspire à gagner son indépendance. L'orpaillage en est le gage. En faisant du travail de cet enfant orpailleur le sujet de son documentaire, Boubacar Sangaré rappelle que des milliers d'autres s'échinent dans les mines d'or au Burkina Faso et s'offre, au passage, une sorte d'alias cinématographique. L'univers de l'orpaillage lui est familier. À 13 ans, le réalisateur a vendu de l'eau sur l'un de ces sites miniers.  

Sangaré recourt aux plans larges pour faire découvrir, sous tous les angles, l'endroit où travaille Rasmané : succession de baraques aux bâches bleues poussiéreuses le jour et pléthore de petites lumières la nuit. Les plans moyens sont ceux de la convivialité, ces moments où l'on peut discuter de tout et de rien. Les plus âgés racontent ainsi qu'il est mortel de croiser l'or vivant  quand on est en quête de l'or inanimé, le graal.

On y échange aussi des informations sur la conjoncture de l'exploitation, comme la menaçante arrivée de "la machine du blanc". Les petits camarades de Rasmané rêvent d'ailleurs de "creuser aussi profondément que le blanc", avant de redescendre rapidement sur terre. La différence entre l'exploitation artisanale et industrielle étant comparable à la "distance entre la lune et le soleil", note avec sagesse l'un des jeunes orpailleurs.

Enfin, dans les galeries, ce sont les plans serrés sur le visage de Rasmané, parfois entièrement plongé dans cette eau qui se pompe forcément moins vite avec un dispositif artisanal, qui illustrent l'intensité et la dangerosité de la tâche.

Une tragique vie de labeur

Rasmané vieillit ainsi devant la caméra de Boubacar Sangaré. L'adolescent est l'acteur d'un quotidien marqué par la  monotonie : on se prépare son riz aux haricots, on mange, on discute un peu avec ses amis et les adultes, on descend dans la mine puis rebelote pour une nouvelle journée. Rythmés par l'espoir de ramener quelques grammes d'or, les jours et les nuits se succédent à l'infini. La beauté de l'image contraste avec cette vie à la fois admirable et tragique, captée de façon brute, sans artifice. La bande-son, constituée en grande partie par les seuls bruits d'ambiance, en témoigne.

Avec Or de vie, Boubacar Sangaré documente, encore une fois, les perspectives limitées offertes à tous les Rasmané qui constituent la majorité du continent le plus jeune de la planète, l'Afrique. 

Affiche du film documentaire "Or de vie" de Boubacar Sangaré. (LES FILMS DE LA CARAVANE)

La fiche

Genre : documentaire 
Réalisateur : Boubacar Sangaré
Distribution :  Rasmané Tall
Pays : Burkina Faso, Bénin, France
Durée : 1h24
Sortie : 5 juin 2024
Distributeur : Les Films de la caravane

Synopsis : Au Burkina Faso, dans le site d’orpaillage de Bantara, Rasmané, 16 ans, descend à plus de 100 mètres de profondeur dans des mines artisanales pour extraire de l’or. Angoissé par les accidents, Rasmané trace son chemin dans ce monde d’adulte féroce dans l’espoir de s’émanciper.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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