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"Party Girl", le biopic hyperréaliste d'une hôtesse de bar

Premier film du trio Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, Caméra d'or au dernier Festival de Cannes, "Party Girl" relève du docu-fiction, genre assez rare dans le paysage cinématographique français. Le film avait également remporté le Prix "Un certain regard", section dans laquelle il était projeté, remportant les suffrages de toute la critique.
Article rédigé par franceinfo - Jean-François Lixon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Angélique Litzenburger est elle-même dans "Party Girl"
 (DR)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (France). Avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour - 1h35 - Sortie : 27 août 2014

Synopsis : Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
On évoque souvent telle ou telle fiction qui dépasserait la réalité. Avec "Party Girl", l'impression est proche mais encore plus fascinante : on a le sentiment, ici, que la fiction rejoint la réalté, y colle au millimètre près. Les réalisateurs ont choisi de suivre Angélique. A la fois l'interprète et personnage existant, cette femme de 60 ans est hôtesse de bar. Une de ces femmes qui ont pour mission de faire consommer les clients des cabarets en leur faisant miroiter des ébats illusoires. Sexagénaire, Angélique a perdu bien des attraits et elle finit par accepter la proposition de mariage d'un client régulier, amoureux d'elle depuis longtemps.

Le mariage et sa préparation sont l'occasion pour Angélique de réunir ses enfants, deux garçons et deux filles dont une adolescente de 16 ans que les services sociaux ont confiée à une famille d'accueil dix ans plus tôt.

Filmé au plus près, "Party Girl" relève d'un cinéma naturaliste, évoquant Ken Loach ou Abdellatif Kechiche. Les trois réalisateurs de "Party Girl" réussisent à ne pas placer le spectateur en situation de voyeurisme. Il s'attache à ce personnage comme il s'intéresserait, dans des émissions comme "Strip-tease" par exemple, à la petite tranche d'humanité qui lui est proposée. Il y a du pathétique dans ce personnage d'Angélique, mais il y a aussi de l'héroïsme dans sa quête de dignité, de bonheur et d'avenir. Des efforts reconnus par les siens. 
L'un des trois réalisateurs, Samuel Theis, est aussi l'interprète du personnage qui porte son nom. Il est dans le film, comme dans la vie, le fils d'Angélique. Comme les trois autres frères et soeurs sont les véritables enfants de l'héroïne. Tous ces comédiens amateurs jouent plus juste que nombre de professionnels aperçus dans de récents biopics. Cette histoire de famille ne tourne jamais au psychodrame, ni au règlement de comptes. Les enfants ne portent pas de jugement sur leur mère, ils l'aident dans le besoin et lui déclarent leur amour au moment juste opportun.
L'équipe du film Party Girl en ouverture du festival " Un certain regard" à Cannes, le 15/05/2014
 (Photopqr/Le Républicain Lorrain)
Reste une interrogation : quid du mariage d'Angélique ? Est-ce un épisode fantasmé ? Est-ce le récit (avec un autre homme dans le rôle du mari) ? D'une véritable tentative de quitter le monde des nuits de la frontière franco-allemande, quelque part du côté de Forbach ? Est-il important de le savoir ? En tout cas, la conclusion à tirer de ce film, s'il en fallait une, reste qu'à trop jouer l'amoureuse avec n'importe qui, cette femme a sans doute perdu le chemin du veritable sentiment amoureux. La liberté est un prix trop cher à payer, même si c'est là une drôle de liberté. Party girl une nuit, party girl toujours. Et tant pis pour la rime.



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