"Perdrix" une comédie amoureuse dynamitée par un humour décapant
"Perdrix", premier long métrage d'Erwann Le Duc projeté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, mélange fantaisie, nonsense, humour, nostalgie, amour et réflexion philosophique. Ce premier film parfaitement maîtrisé jongle joliment avec les sentiments en compagnie de Fanny Ardant, Maud Wyler et Swann Arlaud.
Un village dans les Vosges, une famille dépareillée qui n'est pas la somme de ses composantes, une gendarmerie déroutante, une bande de nudistes extrêmistes qui détroussent les voyageurs, des cinglés branchés militaria égarés aux commandes de leur tank, et surgissant au milieu de tout ça, une voyageuse venue d'on ne sait où et qui s'apprête à repartir vers une destination inconnue... Ce cocktail déroutant sort en salle mercredi 14 août.
Décalés
Les personnages d'Erwann Le Duc paraissent toujours posés à quelques pas d'eux-mêmes. Le premier plan sur Thérèse Perdrix, la mère de famille interprétée par Fanny Ardant, illustre bien ce porte-à-faux qui déséquilbre tout le film, le faisant pencher parfois vers l'humour anglais, limite nonsense, et parfois vers les frontières du tragique : la voix reconnaissable entre toutes de la comédienne française parle d'amour. Thérèse est de dos, elle fait face à un micro. Avatar de Macha Béranger, elle discute avec un auditeur, quelque part. On comprendra que celle que l'on vient de prendre pour une star de la radio émet en fait depuis son garage, pour un auditoire quasi inexistant. Et que derrière le gag et le ridicule apparent de la situation se cache un vrai drame.
Chacun vit sa vie
Elle va pourtant se lier avec le capitaine des gendarmes, Pierre Perdrix (Swann Artaud, vu dans Petit Paysan), le fils de Thérèse, qui sacrifie tout à son devoir dans un coin des Vosges où jamais rien ne se passe. Ou presque. Chez les Perdrix, chacun vit sa vie, l'un se passionne pour les vers de terre, l'autre ne pense qu'à devenir championne de tennis de table, la mère collectionne les amants depuis la mort de son mari, et le fils gendarme... est gendarme !
L'apparente désinvolture de la jeune femme débordante de charme, s'immisçant dans la vie de cette apparence de famille va libérer chacun de ses membres, mais parviendra-t-elle à rester insensible ?
Comédie amoureuse mais pas seulement
Le pitch est un peu long et sa lecture donnerait-elle l'impression de tout dévoiler ? Eh bien non, car dans ce film, autant que l'histoire, elle-même très attachante, c'est la manière de mener le récit qui importe. Les dialogues, aussi bien que les situations conduisent à des émotions parfois contradictoires, du rire le plus franc à la mélancolie. Le rythme toujours bien mené ne laisse pas le spectateur mariner dans l'un ou l'autre de ces sentiments : à peine attendri, il éclate de rire, juste remis de son hilarité, il est touché au coeur.
Tous les comédiens participent de ce voyage au pays des émotions, sans jamais en faire trop, trouvant toujours le ton juste. Et ce n'est pas toujours facile quand, par exemple, un gendarme, pris de passion pour le chanteur, interprète "Entrez dans le rêve" de Gérard Manset devant l'auditoire perplexe d'un café à moitié vide. Cherchant une définition pour son film, Erwann Le Duc le qualifie de "comédie amoureuse", il manque quand même dans ces deux mots la dimension de l'éclat de rire, toujours en embuscade au tournant de chaque scène.
La fiche
Genre : Comédie romantique
Réalisateur : Erwann Le Duc
Acteurs : Swann Arlaud, Maud Wyler, Fanny Ardant
Pays : France
Durée : 1H39
Sortie : 14 août 2019
Distributeur : Pyramide Distribution
Synopsis : Pierre Perdrix vit des jours agités depuis l'irruption dans son existence de l'insaisissable Juliette Webb. Comme une tornade, elle va semer le désir et le désordre dans son univers et celui de sa famille, obligeant chacun à redéfinir ses frontières, et à se mettre enfin à vivre.
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