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Pierre Jolivet se prend les pieds dans "Les Algues vertes", fléau qui frappe les plages bretonnes

Adapté du roman graphique d’Inès Léraud et Pierre Van Hove, le film de Pierre Jolivet s'enlise dans son sujet.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Céline Sallette dans "Les Algues vertes" de Pierre Jolivet (2023). (HAUT ET COURT)

Depuis qu'il est sur la scène du music-hall, puis qu'il est devenu réalisateur, Pierre Jolivet lance des messages dans ses spectacles et ses films. Ses convictions écologiques s'expriment dans Les Algues vertes, sur les écrans mercredi 12 juillet. Il adapte ici le roman graphique d'Inès Léraud et Pierre Van Howe, Les Algues vertes, l'histoire interdite (Delcourt) sur la pollution mortelle au sulfure d'hydrogène (H2S) émis par les végétaux marins en décomposition en Bretagne. Si le sujet est prometteur, le film manque de souffle. 

Jeune journaliste, Inès Léraud (Céline Sallette) s'installe en Bretagne pour enquêter sur plusieurs morts récentes qui ont endeuillé les plages de la région. Elles seraient dues aux émanations des algues vertes en décomposition qui prolifèrent sur la côte. Pour son enquête, la reporter se dirige vers le monde agricole qui fait vivre le pays. Elle interroge les locaux mais se heurte à un mutisme absolu qui bouche l'accès à toute vérité.

Proliférant depuis 1971 et dans l'actualité depuis 2009, les algues vertes demeurent un fléau dont on ne parle plus guère. Pierre Jolivet nous rafraîchit la mémoire, avec un côté "images volées" qui est sans doute là où il réussit le mieux. Sans être un docufiction, tout en empruntant volontiers au genre, c'est dans cette valse-hésitation que Les Algues vertes perd son jus.

Déni à répétition


Ecrit par Pierre Jolivet et Inès Léraud, l'adaptation manque de recul. A vouloir tout mettre, le film se répète et perd en dramaturgie. La journaliste constate l'état des plages, interroge des riverains, des locaux, frappe à la porte des fermes usines, s'attire l'animosité d'exploitants… Elle se cogne contre la négation et le déni à répétition, ce qui, au final, restreint l'épaisseur des personnages, l'histoire et la narration. Réalisé avec un budget limité, ce n'est pas sur l'image que le film mise, en revanche son côté reportage joue en sa faveur. A ce propos, le choix du format "scope" (écran large) est-il justifié ?

Sur les pas d'un Erin Brockovich, seule contre tous (Steven Soderbergh, 2000) – à propos du combat d'une Américaine face à un scandale autour de l'eau potable -, Pierre Jolivet pèche dans l'écriture et le rythme. Le sujet se prêtait pourtant au récit, dans les choix auxquels sont confrontés les protagonistes (parler ou pas) et les politiques. Mais le script tourne en rond, à l'image de l'enquête sur le fléau

L'affiche des "Algues vertes" de Pierre Jolivet (2023). (HAUT ET COURT)

La fiche

Genre : Drame / Politique
Réalisateur : Pierre Jolivet
Acteurs : Céline Sallette, Nina Meurisse, Julie Ferrier, Pasquale D'Inca, Clémentine Poidatz, Jonathan Lambert, Adrien Jolivet
Pays : France
Durée :  1h47
Sortie : 12 juillet 2023
Distributeur : Haut et Court

Synopsis : A la suite de morts suspectes, Inès Léraud, jeune journaliste, décide de s'installer en Bretagne pour enquêter sur le phénomène des algues vertes. A travers ses rencontres, elle découvre l'omerta qui entoure ce désastre écologique et social. Face aux pressions, parviendra-t-elle à faire triompher la vérité ? Adaptation des Algues vertes, l'histoire interdite, la bande dessinée tirée de l'enquête menée par Inès Léraud sur le scandale.

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