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Prix du jury à Cannes, "Memoria" renouvelle la magie Apichatpong Weerasethakul avec Tilda Swinton

Prix du jury à Cannes, le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, Palme d'or 2010 avec "Oncle Boonmee", reste fidèle à lui-même : contemplatif et ésotérique, avec pour le première fois une star à l'affiche.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Tilda Swinton dans "Memoria" de Apichatpong Weerasethakul (2021). (HE MACHINE FILMS BURNING / ANNA SANDERS FILMS / MATCH FACTORY PRODUCTION  / ZDF/A RTE PIANO 2021)

Palme d'or 2010 avec Oncle Boonmee, Prix du jury en 2004 avec Topycal Malady,  le réalisateur thaïlandais Apichatpong Weerasethakul est prix du jury à Cannes cette année avec Memoria, qui sort mercredi 17 novembre. Fidèle à sa veine contemplative et ésotérique, il a tourné pour la première fois hors de son pays d'origine, et avec une star, Tilda Swinton, qui produit également le film. 

La mémoire du monde

Jessica (Tilda Swinton) est perturbée par un puissant et étrange son qu'elle est la seule à entendre à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. Elle enquête pour connaître l'origine de ce trouble et aboutit chez un chamane qui lui révèle la mémoire de la Terre. Initiée à cette connaissance, elle va assister à la révélation inattendue de l'origine du trouble sonore qui la hante.

Film sur la mémoire, comme son titre l'indique, Memoria traite non pas de la mémoire humaine, mais de celle de la Terre, des pierres, de l'eau, des arbres et du vent. Déjouant toutes les traditions d'un cinéma narratif, Apichatpong Weerasethakul fait fi de toute rationalité dans son récit d'un point de vue formel et du sens. Le réalisateur thaïlandais parle de l'invisible, de la magie du monde. Une spiritualité qu'il traduit dans des images, toujours d'une grande beauté contemplative.

Sublimation de la nature

Des plans fixes, sans aucun déplacement à l'intérieur du cadre, surtout pas de mouvement de caméra, mettent le spectateur dans un état comparable à celui des ondes alpha du pré-sommeil, comme sous hypnose. A l'image de tous les films de Apichatpong Weerasethakul, Memoria relève plus de l'expérience que de la traditionnelle sortie au cinéma. Tilda Swinton, dans le rôle de Jessica, s'est totalement investie dans son rôle, confirmant ses choix pour des films hors des sentiers battus comme Only Lovers Left Alive, merveilleuse histoire de vampires de Jim Jarmusch, ou Snowpiercer.

Tilda Swinton dans "Memoria" de Apichatpong Weerasethakul (2021). (NEW STORY)

Des images du cinéaste restent longtemps dans la mémoire après leur vision. Dans Memoria, il transcende ce qui aurait pu être mis en scène dans un film de science-fiction par un Steven Spielberg. Un moment de surprise incroyable qui casse le rythme langoureux du film. La sublimation de la nature rappelle les hymnes écologiques d'Hayao Miyazaki et la bande sonore constitue une œuvre d'art à part entière. La magie Apichatpong Weerasethakul opère encore et toujours si l'on s'y prête. Une méditation.

L'affiche de "Memoria" de Apichatpong Weerasethakul (2021). (NEW STORY)

La fiche

Genre : Fantastique
Réalisateur : Apichatpong Weerasethakul 
Acteurs : Tilda Swinton, Elkin Díaz, Jeanne Balibar
Pays : Thaïlande / Grande-Bretagne / Colombie / France / Mexique
Durée : 2h14
Sortie : 17 novembre 2021
Distributeur : New Story

Synopsis : Au lever du jour j'ai été surprise par un grand BANG et n'ai pas retrouvé le sommeil. A Bogota, à travers les montagnes, dans le tunnel, près de la rivière. Un Bang.

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