"4.44 Last Day on Earth" : Ferrara en plein vol, coupé des ailes
A l’encontre de biens d’autres films, "4.44" ne se confine pas dans un appartement où Willem Dafoe gloserait, ici sur la fin du monde. Si ce côté prend une partie du film, c’est loin d’en être la seule. Non seulement Ferrara aborde son sujet avec originalité, les dernières heures de l’humanité vues de l’intérieur – non comme un film catastrophe -, mais il en donne toutes les facettes.
Filmé tout en sensibilité, cadrant les corps comme il en a l’art, ponctuant l’image de travellings suaves, mais aussi en argumentant par une multitude de situations psychologiques finement déduites, et concluant sur des aurores boréales magnifiques au-dessus de New-York, avec un éblouissement magistrale plein d’amour, "4.44" dépasse de loin la pièce de théâtre filmée, à laquelle d’aucuns voudraient nous faire croire.
Willem Dafoe est à plus d’un titre remarquable, assumant sans doute une de ses meilleures prestations. Traversant toutes les étapes d’une épreuve ultime, il se révèle plus faible que sa compagne avec laquelle il va vivre une rupture pour mieux la retrouver. Ferrara, à l’instar de Scorsese, très marqué par le catholicisme, est un cinéaste de la rédemption. Mais elle est dans "4.44" absoute de lourdeurs qui, parfois, leurs sont communes.
Magnifiquement mis en images, avec notamment des plans sur la dernière peinture qu’exécute Skye (Sharon Leigh), sa compagne, c’est encore un scandale qu’un tel film ne trouve pas de distributeur en salles. Avec ce film et beaucoup d’autres, le PIFFF nous aura informé de cette nouvelle politique, incompréhensible, pour le spectateur, de voir de tels films, comparés à d’autres, privés de leur quartier naturel d’exploitation : la salle de cinéma.
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