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"Bienvenue à Suburbicon" : George Clooney, les frères Coen, Matt Damon, quatuor gagnant

George Clooney a le blues. Il ne se sent plus capable de jouer les séducteurs à 56 ans, trouve Matt Damon, qu’il vient de diriger dans "Bienvenue à Suburbicon", sa septième réalisation, meilleur que lui, alors que son film est un flop aux Etats-Unis. Le monde est injuste. Son long métrage est remarquable et fleure bon les frères Coen. Pour cause : ils signent le scénario. Comédie noire assurée.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Julianne Moore et Matt Damon dans "Bienvenue à Suburbicon" de George Clooney
 (2017 Concorde Filmverleih GmbH / Hilary Bronwyn Gayle)

Petits arrangements hors contrôle

Bienvenue chez vous ! Suburbicon est une des nombreuses villes de banlieue sorties de terre dans les années 50-60, destinées aux employés des grandes villes, en plein âge d’or de la surconsommation. Suburbicon, c’est le paradis WASP (Wight Anglo Saxon Protestant). Alignement de petits pavillons avec garage, pelouses impeccablement entretenues, familles tirées au cordeau… Jusqu’au jour où en 1959 une famille noire a le mauvais goût de s’installer, au grand dam de leurs voisins, alors qu’on est encore loin de la reconnaissance des droits civiques. Pendant ce temps, un père de famille, bien sur tout rapport, assassine sa femme malade pour se mettre avec sa sœur, provoquant un enchaînement de situations catastrophiques…
Bienvenue chez les frères Coen, dont on reconnait la patte dans l’écriture d’un scénario qui leur ressemble bien. On pense bien sûr à "Fargo" (scénario de Sam Raimi), où un père de famille bon teint fait enlever son épouse pour récupérer une rançon, avec des conséquences effroyables. Mais aussi à leur premier film "Blood Simple" ou "No Country for Old Men", où des "petits arrangements" partent en vrille, hors de tout contrôle. Si l’univers est bien balisé, le film de George Clooney n’en reste pas moins des plus réjouissants, où l’acteur, qui n’apparait pas dans le film, démontre encore ses talents de metteur en scène.

Pamphlet

Réjouissante la peinture de cette banlieue idyllique ensoleillée et bien rangée ; pertinente cette population raciste qui reproche à leurs nouveaux voisins des actes qu’ils n’ont jamais commis, alors que leurs semblables fomentent les pires atrocités, sans rien en voir… A l’heure de Donald Trump, Clooney signe un pamphlet qui dénonce une idéologie protectionniste dont les tenants l’on mis au pouvoir. Pas étonnant que "Bienvenue à Suburbicon" n’a pas remporté le succès escompté dans son pays d’origine…
Karimah Westbrook dans "Bienvenue à Suburbicon" de George Clooney
 (2017 Concorde Filmverleih GmbH / Hilary Bronwyn Gayle )
Matt Damon remplit parfaitement le contrat de son rôle de père de famille propre sur lui aux plans machiavéliques et cruels qui manipule son fils, jusqu’à ce que sa machination le rattrape sur fond d’émeute raciale. Julianne Moore est parfaite dans le double rôle de deux sœurs jumelles qui vont se télescoper. Le scénario est aux petits oignons et l’équilibre entre drame et humour des mieux balancés. Une mécanique bien huilée qui tourne à merveille : bienvenue chez vous.
"Bienvenue à Suburbicon" : une des affiches françaises
 (Metropolian FilmExport)

LA FICHE

Genre : Thriller 
Réalisateur : George Clooney
Pays : Etats-Unis
Acteurs : Matt Damon, Julianne Moore, Noah Jupe, Glenn Fleshler, Alex Hassell, Gary Basaraba, Oscar Isaac, Karimah Westbrook
Durée : ​1h44
Sortie : 6 décembre 2017
Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis : Suburbicon est une paisible petite ville résidentielle aux maisons abordables et aux pelouses impeccablement entretenues, l’endroit parfait pour une vie de famille. Durant l’été 1959, tous les résidents semblent vivre leur rêve américain dans cette parcelle de paradis. Pourtant, sous cette apparente tranquillité, entre les murs de ces pavillons, se cache une réalité tout autre faite de mensonge, de trahison, de duperie et de violence... Bienvenue à Suburbicon.

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