"Contagion" : Soderbergh signe un thriller apocalyptique
Une pandémie dévastatrice explose à l’échelle du globe… Au Centre de Prévention et de Contrôle des Maladies, des équipes se mobilisent pour tenter de décrypter le génome du mystérieux virus, qui ne cesse de muter. Le Sous-Directeur Cheever, confronté à un vent de panique collective, est obligé d’exposer la vie d’une jeune et courageuse doctoresse. Tandis que les grands groupes pharmaceutiques se livrent une bataille acharnée pour la mise au point d’un vaccin, le Dr. Leonora Orantes, de l’OMS, s’efforce de remonter aux sources du fléau. Les cas mortels se multiplient, jusqu’à mettre en péril les fondements de la société, et un blogueur militant suscite une panique aussi dangereuse que le virus en déclarant qu’on "cache la vérité" à la population…
Pandémie chorale
Cinéaste prolixe (24 films depuis 1987) et éclectique, Steven Soderbergh passe allègrement de productions intimistes ("Sexe, mensonges et vidéo") au cinéma de genre (la série "Ocean’s Elven", "Traffic", "Solaris"), avec des castings prestigieux (George Clooney, Michael Douglas, Catherine Zeta-Jones, Brad Pitt). Son nouvel opus relève du second pan de sa filmographie, en tant que prospective fiction surfant sur la vague bactériologique avec Marion Cotillard, Matt Damon, Laurence Fishburne, Jude Law, Gwyneth Paltrow et Kate Winslet.
Reprenant à son compte le sujet de science-fiction d’une infection planétaire ("Le Mystère Andromède", "Le Survivant", "Alerte", …), "Contagion" s’apparente à un film choral où plusieurs personnages éloignés des uns des autres doivent faire face à un virus qui se répand à vitesse grand V sur la planète : un responsable de l’administration US, une représentante de l’OMS, une chercheuse, un père de famille, un blogeur… Soderbergh joue parfaitement la carte de la dimension mondiale du péril, posant sa caméra aux quatre coins du monde, tout en cernant de près ses protagonistes emblématiques d’une crise collective.
Sras et compagnie
"Contagion" est d’autant plus efficace qu’il fait écho à des crises sanitaires contemporaines telles que celle du SRAS, ou de la grippe aviaire et porcine qui provoquèrent un décompte des victimes à travers le monde au jour le jour dans tous les médias. La première partie du film est de ce point de vue particulièrement efficace en installant la tension dès les premières images qui cadrent des poignées de porte, des verres à boire, des attouchements anodins qui s’avèreront les agents de propagation d’un virus mortel foudroyant. Soderbergh relance ensuite constamment l’évolution de cette pandémie en partant d’un cas individuel pour finir par des hécatombes et des scènes de panique urbaines générales.
Ce catastrophisme parfaitement minuté et réaliste est tellement prenant que l’on en vient à regretter l’issue du film qui balaye un peu rapidement une dimension apocalyptique minutieusement installée et mise en images. Les dernières minutes, qui révèlent l’origine du mal, rattrape cette précipitation en rappelant la fragilité de la nature humaine qui, par la complexité du monde qui l’entoure, recoupe l’adage selon lequel « on est peu de chose ». "Contagion" aura enfin comme impact que nul n’entendra quelqu’un tousser dans son dos comme avant…
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