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"La Lutte des classes" : une comédie sociale savoureuse avec Edouard Baer et Leïla Bekhti

La famille, plus ou moins éclatée, est au coeur des comédies qui fleurissent sur les écrans. Michel Leclerc ("Le Nom des gens") renouvelle le sujet avec humour en mettant au centre de "La Lutte des classes" l’école de la République comme vecteur de mixité sociale. Un atout : Edouard Baer et Leïla Bekhti, parfaits en couple de gauche qui s'interroge sur ses convictions.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Edouard Baer, Tom Levy et  Leïla Bekhti dans "La Lutte des classes" de Michel Leclerc
 (KARE PRODUCTIONS – UGC IMAGES – ORANGE STUDIO – FRANCE 2 CINEMA – CHAOCORP PRODUCTIONS – SCOPE PICTURES 4)

Jean Jaurès contre Saint-Benoît

Sofia (Leïla Bekhti) incarne la deuxième génération maghrébine qui a réussi, comme avocate, alors que son compagnon Paul (Edouard Baer) est resté le batteur anarcho-punk de sa jeunesse. Leurs amis viennent d’inscrire leurs enfants dans une école catholique et leur fils Corentin, à l’école publique, veut retrouver ses copains de classe. Dilemme pour Sofia et Paul : rester fidèle à leurs idéaux gauchistes en maintenant leur garçon dans l’école Jean Jaurès, ou les trahir en l’inscrivant à Saint-Benoît ?
Michel Leclerc a écrit son film avec sa compagne Baya Kasmi, qui interprète dans "La Lutte des classes" une prof de l’école de la République, impayable dans son discours politiquement correct. Le film a le mérite de poser la question de la famille en traitant celle du modèle républicain incarnée par l’école publique. Les enjeux ? La réussite scolaire d’enfants qui seraient "retardés" par des élèves en mal d’"intégration". Tenus à distance de cette "différence", ils deviendraient des privilégiés de l’acquisition des connaissances.

Reportage : D. Wolfromm / N. Hayter / A. Fischer / P. Azzia / G. Jongis

Casting d’école

Cette question de l’école publique face au privé, Michel Leclerc la pose avec un humour qui fait mouche. Le réalisateur-scénariste ne cache pas son penchant à gauche, tout en s’en moquant avec perspicacité pour mieux l’interroger (et interpeller son camp ?). Toujours est-il que la sauce de sa comédie sociale prend, avec au cœur l’éducation. Il y réussit grâce à un Edouard Baer lunaire et une Leïla Bekhti tempérante. C’est pourtant lui qui craquera le premier dans la remise en question de leurs convictions communes… Pour les épauler, Ramzy Bedia campe un directeur d’école savoureux, et Baya Kasmi est très drôle en prof prisonnière d'un vocabulaire qui laisse ses élèves perplexes.
Baya Kasmi et Ramzy Bedia dans "La Lutte des classes" de Michel Leclerc
 (KARE PRODUCTIONS – UGC IMAGES – ORANGE STUDIO – FRANCE 2 CINEMA – CHAOCORP PRODUCTIONS – SCOPE PICTURES 4)
La question de la mixité sociale du "public", ferment de la société française, face au "privé" élitiste, est à priori inédite au cinéma. Elle est bien posée dans "La Lutte des classes", l’humour s’avérant le meilleur vecteur pour résoudre l’équation. Du moins au cinéma : (re)faites vos classes ! 
"La Lutte des classes" : l'affiche
 ( UGC Distribution )

LA FICHE

Comédie de Michel Leclerc
Pays : France
Durée : 1h43
Distributeur : UGC Distribution
Sortie : 3 avril 2019

Synopsis : Sofia et Paul emménagent dans une petite maison de banlieue. Elle, brillante avocate d’origine magrébine, a grandi dans une cité proche. Lui, batteur punk-rock et anar dans l’âme, cultive un manque d’ambition qui force le respect ! Comme tous les parents, ils veulent le meilleur pour leur fils Corentin, élève à Jean Jaurès, l’école primaire du quartier. Mais lorsque tous ses copains désertent l’école publique pour l’institution catholique Saint Benoît, Corentin se sent seul. Comment rester fidèle à l'école républicaine quand votre enfant ne veut plus y mettre les pieds ? Pris en étau entre leurs valeurs et leurs inquiétudes parentales, Sofia et Paul vont voir leur couple mis à rude épreuve par la "lutte des classes". 

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