"Le Capital" de Costa Gavras : Gad Elmaleh en requin de la finance
De Costa-Gavras (France), avec : Gad Elmaleh, Gabriel Byrne, Natacha Régnier, Céline Sallette, Liya Kebede, Hippolyte Girardot, Bernard Le Coq, Daniel Mesguich - 1h53 - Sortie : 14 novembre
Synopsis : l'ascension fulgurante d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital, et les revers qu'il va encourir par ceux-là mêmes qui l'ont poussé en avant.
Thriller financier
Depuis la crise financière de 2008, le monde des banquiers, traders et autres actionnaires se retrouve au cœur de fictions à répétition. Il y avait eu bien sûr « Wall Street » en 1987, et sa suite de 2012 était bien motivée par ce même mouvement. Si l’on remonte plus loin en en arrière, on évoquera « L’Argent » (1928) de Marcel L’Herbier. Le plus intéressant est sans doute "Margin Call" de J.C Chandor (2012), avec Kevin Spacey, qui évoque la faillite de la banque Lehman Brothers, déclencheur de la crise financière actuelle. "Cosmopolis" de David Cronenberg, en compétition à Cannes, avait largement divisé la critique. Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touchait à sa fin. Cinéaste militant, il n’est guère étonnant de voir Costa-Gavras s’attaquer au sujet.
La surprise vient de son acteur principal, Gad Elmaleh, pour la première fois à contremploi dans un rôle de président de banque, duquel il ne sort pas si mal, sa raideur relevant de la composition de son personnage. A ses côtés une pléiade d’acteurs remarquables : au premier chef Gabriel Byrne, vieux rusé de la finance, l’excellent Bernard Le Coq, en actionnaire majoritaire, Daniel Mesguich, sous les traits d’un président moribond, Hippolyte Girardot, en collaborateur qui retourne sa veste… Les rôles féminins sont plus épars : Natacha Régnier y campe l’épouse frustrée du nouveau promu, lui-même sous le charme d’une top-modèle aux dents longues, Liya Kebede, et d’une jeune employée idéaliste, Céline Salette.
Film riche sur les riches
Costa-Gavras ne nous épargne aucun hôtel particulier lambrissé, partant des beaux quartiers parisiens pour rejoindre la baie de Miami, Tokyo et Londres, à bord de somptueux navires, limousines et jets. Si le réalisateur nous guide avec élégance dans cet univers feutré de la haute finance, où s’entretuent à coup de millions des grands fauves argentiers, sa démonstration n’est pas exempte de lourdeur, distribuant les rôles avec un manichéisme certain. Marc Tourneuil (Gad Elmaleh) n’est toutefois pas si monolithique qu’il y paraît, et voir son entourage professionnel s’acharner à sa perte, lui confère un capital de sympathie, alors qu’il n’est pas moins odieux.
Le cinéaste aurait pu se dispenser de le faire s’adresser directement à la caméra pour ponctuer son récit. Mais il se rattrape en montrant les réactions violentes contre ses collègues quand leur point de vue ne correspond pas à ses attentes, exposant l’agressivité retenue qu’inspirent des rapports de forces constants et destructeurs. Sa vengeance sur Nassim (Liya Kebede) qui ne cesse de l’allumer pour lui soutirer de l’argent va également à son crédit. Sa manœuvre pour sortir de son épreuve va aussi dans ce sens. Mais c’est surtout de sa très belle distribution que le film tire son capital.
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