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"Le pouvoir", une incursion de Patrick Rotman au cœur de l'Elysée de François Hollande

"Le pouvoir", premier long métrage sur les débuts de François Hollande à l'Elysée, mercredi en salle, emporte le spectateur dans les pas du deuxième président socialiste de la Ve République. Patrick Rotman filme le métier de Président au quotidien, dans une mise en scène dépouillée, il pénètre et dévoile le cœur de l'Élysée.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le président François Hollande dans son bureau de l'Elysée
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Tout juste achevée la passation de pouvoirs avec Nicolas Sarkozy, la caméra du cinéaste Patrick Rotman, réalisateur du film avec le journaliste Pierre Favier, glisse à l'intérieur du palais présidentiel, pour ne pratiquement plus en sortir. Filmé de dos sur le perron de l'Elysée, le secrétaire général de l'Elysée Pierre-René Lemas, égraine la liste du gouvernement. La voix assourdie s'éteint  progressivement, tandis que débute une lente plongée au coeur du pouvoir.
Pendant huit mois, le réalisateur a suivi François Hollande dans son quotidien de Président de la République. D'emblée, ce dernier décrit la pesanteur de ces lieux où "rien n'a  changé" depuis les années Mitterrand, il était conseiller de l'ancien président. "Ce qui m'avait toujours surpris à l'Elysée, c'est que le temps donnait l'impression de s'être arrêté et puis ce sentiment que tout était retenu, contenu. C'est ce que j'essaie de mettre en cause", confie-t-il, déterminé à ne "pas (se) laisser enfermer".

Le nouveau chef de l'Etat met en garde ses conseillers : "C'est pas facile de vivre dans un palais, de travailler dans un palais. On se sent alors à l'abri de tout, ce qui est une grave erreur. On se croit différent des autres, c'est une deuxième erreur".

Huis clos au coeur du Palais

Hormis quelques scènes en extérieur, comme le déplacement du chef de l'Etat aux Etats-unis ou une visite de terrain dans la banlieue parisienne, la caméra reste essentiellement dans les murs du Palais et s'attache à traduire ce "sentiment étrange que l'on ressent à l'Elysée" et monte le contraste entre ce lieu qui semble immuable, hors du temps avec ses rituels surannés, et l'intensité de ce qui s'y décide", comme l'explique Patrick Rotman dans la présentation du film.

A peine entré en fonction, François Hollande cite comme modèles Charles de  Gaulle et François Mitterrand, écartant implicitement ses autres prédécesseurs. Répétition et monotonie font partie du décor : conseils des ministres, réunions de conseillers, tête-à-tête avec les membres du gouvernement, faste des réceptions, le film décrit la machine élyséenne à l'oeuvre, sans forcément respecter la chronologie.

Dans l'exercice du pouvoir, François Hollande apparaît toujours dans la retenue, sans coups de colère ni éclats de voix, même si parfois le ton est sans appel pour rappeler à l'ordre ses conseillers. "Il ne faut pas que ce soit un brouillon, on n'a pas le temps de faire un  brouillon. Comme disent les enfants, il faut écrire directement au propre!",  s'impatiente le chef de l'exécutif devant son staff prié de ne pas traîner dans la rédaction d'un discours, auquel, de toutes façons, il mettra seul la dernière touche.

Chacun à sa place

Dès le premier Conseil des ministres, le président qui se voulait "normal" fixe les limites à ne pas dépasser: "L'amitié peut exister pas la familiarité  (...) Chacun doit être à sa place et celui qui est président occupe la place prééminente. Il y a cette distance qui est absolument indispensable".
Portrait officiel du Président de la République François Hollande
 (R DEPARDON/ELYSEE/SIPA)
Parmi les moments savoureux du film, la prise de la photo officielle dans les jardins de l'Elysée, devant l'oeil du photographe Raymond Depardon ... et  celui non moins attentif de la Première dame Valérie Trierweiler, qui recale un cliché du président, "trop souriant". Ou encore François Hollande dans son bureau commentant d'un sobre : "Elle a été très digne" l'apparition de son ex-compagne Ségolène Royal à la télévision pour dénoncer "une trahison politique" après sa défaite aux législatives à la Rochelle, victime notamment d'un tweet de Valérie Trierweiler en faveur de son rival.

Patrick Rotman a réalisé plusieurs documentaires sur la politique française pour la télévision, parmi lesquels "Lionel raconte Jospin" ou encore "Les Fauves", qui revenait sur la rivalité entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin.

"Le pouvoir" sort en salles le mercredi 15 mai, un an jour pour jour après  l'entrée en fonction de François Hollande.

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