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"Les Oiseaux de passage", un thriller aux origines des cartels de la drogue colombiens

Film d'ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs 2018, "Les Oiseaux de passage", des Colombiens Ciro Guerra et Cristina Gallego, traite du trafic de stupéfiants en Colombie. Au seuil des années 70, l'irruption de la marijuana provoque à la fois la naissance des cartels et une guerre entre clans amérindiens. Au carrefour du thriller et de la tragédie grecque, un film fascinant de réalisme.
Article rédigé par franceinfo - jean-François Lixon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une image du film "Les oiseaux de passage"
 (Ciudad Lunar Blonde Indian Mateo Contreras)

Attention à la méprise. Si "Les oiseaux de passage" traite du narcotrafic en Colombie, il ne faut pas s'attendre à une énième déclinaison de la guerre entre la CIA ou la DEA et un avatar de Pablo Escobar. Le film de Ciro Guerra et Cristina Gallego, s'intéresse avant tout à l'histoire réelle d'un peuple natif d'Amérique latine.

Il débute en 1968, dans le désert colombien, alors que les Indiens Wayuu comprennent qu'il peut se révéler plus rentable de planter de la marijuana que du café. Leur société s'articule autour de la famille, avec une structure matriarcale et un concept de l'honneur étrangement similaire au code régissant la mafia. Le mélange de ces traditions et du trafic de l'herbe avec des réseaux américains va provoquer une guerre entre les clans Wayuu, mais également établir les prémisses de l'organisation des cartels tels qu'on les connaît aujourd'hui. A ce titre, le film est très éclairant et dissipe bien des idées toutes faites sur les narcotrafiquants latino-américains.

Le film est divisé en cinq actes. Ce choix des réalisateurs accentue le parallèle avec la tragédie grecque. Les liens familiaux, les clans, les histoires d'amour interdites ou impossibles, les trahisons, l'honneur, les châtiments, les signes divins, et la main du destin, tous les codes de la tragédie grecque donc, mais aussi du western ou du film de mafia sont réunis. La rareté des effets spéciaux, mais surtout l'usage de la langue des Wayuu établissent un réalisme qui fait la force de ce film.

Les réalisateurs ont choisi leurs interprètes sur les lieux mêmes de l'histoire. Certains, à l'image de Jose Vicente Cortes qui interprète le vieil oncle, ont même apporté des détails et des anecdotes, issus de leur propre expérience des années 70.
 
Il y a trois ans, le même duo Ciro Guerra et Cristina Gallego (alors créditée de productrice) avait projeté à la Quinzaine des Réalisateurs un film extraordinaire, "L'étreinte du serpent". Il traitait aussi d'un peuple amérindien du sud, mais cette fois en Amazonie. Il était aussi humide et luxuriant que "Les oiseaux de passage" est sec et désertique. Dans tous le cas, il s'agit pour les réalisateurs d'illustrer la confrontation entre une culture traditionnelle indienne et une modernité. Un choc qui tourne rarement à l'avantage de la mémoire
"Les Oiseaux de passage" : l'affiche
 (Diaphana Distribution)

LA FICHE

Comédie de Ciro Guerra et Cristina Gallego
Pays : Colombie / Danemark / mexique / France
Durée : 2h05
Distributeur : Diaphana Distribution
Sortie : 10 avril 2019

Synopsis : Dans les années 1970, en Colombie, une famille d'indigènes Wayuu se retrouve au cœur de la vente florissante de marijuana à la jeunesse américaine. Quand l'honneur des familles tente de résister à l'avidité des hommes, la guerre des clans devient inévitable et met en péril leurs vies, leur culture et leurs traditions ancestrales. C'est la naissance des cartels de la drogue

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