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"Sleeping Beauty" : dormeuse agitée

De Julia Leigh (Australie), avec : Emily Browning, Rachael Blake, Ewen Leslie - 1h41 - Sortie : 16 novembre 2011 - Interdit aux moins de 16 ans
Article rédigé par franceinfo - Jacky Bornet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
De Julia Leigh (Australie), avec : Emily Browning, Rachael Blake, Ewen Leslie - 1h41 - Sortie : 16/11
	Une étudiante désargentée intègre un réseau de beautés endormies où elle est offerte à des clients. Elle s’endort. Se réveille. Comme si rien ne s’était passé…
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 (ARP Sélection )


Ce que les hommes lui font la nuit, Elle l'a oublié au réveil. Une jeune étudiante qui a besoin d’argent multiplie les petits boulots. Suite à une petite annonce, elle intègre un étrange réseau de beautés endormies. Elle s’endort. Elle se réveille. Et c’est comme si rien ne s’était passé…


Une belle endormie qui dérange
"Sleeping Beauty", premier film de la romancière australienne Julia Leigh, a été fraîchement accueilli au dernier Festival de Cannes, où il était en compétition. Le sujet, très original, a fini sans doute par déranger. Il fait d’ailleurs polémique entre les autorités et le distributeur du film qui s’est vu interdit au moins de 16 ans, alors que nous sommes loin de toute pornographie.

Si le film ne provoque pas l’enthousiasme, il n’est pas dénué de qualités. D’abord dans un parti pris de mise en scène glaciale, dénuée de musique, qui sert une métaphore autour de la place de la femme dans la société occidentale. Dans "Sleeping Beauty", elle est réduite à son image et aux fantasmes qu’elle suscite. Lucy perd jusqu’à son nom, donc son identité, ses "employeurs" changeant son prénom, Lucy, en Sara, comme c’est toujours le cas en matière de prostitution. Elle n’a aucune emprise sur l’extérieur qui la manipule, jusqu’à ce qu’elle accepte d’être endormie artificiellement pour être livrée à des clients.

Emily Browning dans "Sleeping Beauty" de Julia Leigh
 (ARP Sélection)

Nécrophilie
La première partie du film, où Lucy/Sara est introduite dans le réseau, n’est pas sans évoquer "Histoire d’O" et "Belle de jour". Mais à la différence de ces deux modèles, la jeune femme ne s’exécute pas pour vivre une expérience, mais pour l’argent. D’où la dimension sociétale du film.

Si le film dérange, c’est sans doute pour la dimension nécrophile de son érotisme, Lucy/Sara étant inerte dans les rapports étranges qu’entretiennent avec elle ses clients. Avec sa peau immaculée et la manière dont les hommes la manipulent, l’humilie, la retourne en tous sens sans jamais qu’elle ne se réveille, elle relève plus du cadavre que de la belle endormie, sur laquelle ils fantasment. Malaise.

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