"Trust" : viol sur la Toile
Will et Lynn Cameron vivent dans leur maison de banlieue avec leurs trois enfants en toute sécurité. Lorsque Annie, leur fille de 14 ans, se fait un nouvel ami sur Internet – Charlie, un garçon de 16 ans rencontré sur un forum – ses parents ne s’inquiètent pas. Annie est de plus en plus attirée par Charlie. Même si peu à peu, elle réalise qu’il n’est pas ce qu’il prétend être, elle continue à être fascinée par lui. Le masque finira par tomber, entraînant un engrenage qui va changer définitivement la vie de la famille…
Militant
Dramaturge, comédien, cinéaste, David Shwimmer signe "Trust" tel un militant. Militant, car administrateur de la Rape Foundation (litt. : fondation du viol) aux Etats-Unis. Sans être l’adaptation filmée d’un fait divers, c’est le témoignage d’un père dont la fille de 14 ans a été "abusée" par un pervers, via Internet, qui a motivé la réalisation de "Trust".
Sujet peu abordé, David Shwimmer le traite de façon citoyenne, pédagogique, pour faire passer un message. Il démontre l’illusion d’une jeune fille au sortir de l’enfance, en relation virtuelle avec un inconnu, qui se laisse piéger par un "prédateur". Il ne stigmatise pas pour autant le Net, mais ses dangers potentiels. Sa démonstration passe par un père obsédé par le drame de sa fille qui, elle, protège celui qu’elle ne voit pas comme un agresseur.
Didactique
Didactique, "Trust" l’est sans fard et le revendique. Faut-il s’en plaindre, quand des études révèlent que 96% des 15-17 ans surfent sur la Toile et que 46% des parents pensent qu’il n’y a pas de risques. Il n’est pas question de prôner une surveillance excessive de l’usage d’Internet par les plus jeunes. Mais de prendre conscience que les dérapages décrits dans "Trusts" existent. Ils existaient avant, via une rencontre sur le chemin de l’école, dans une salle de cinéma…
Pas facile de se tenir sur cette corde raide entre un père répressif et sa fille naïve. Le trait est peut-être surligné, mais tempéré par la justesse des acteurs qui donnent toute sa texture et sa crédibilité à "Trust" C’est le sujet et son interprétation qui font le film, cependant appesanti par une scène de réconciliation finale entre le père et sa fille. Il se rattrape toutefois dans son épilogue efficace.
Ce qui pourrait aller à l’encontre de "Trust" fait aussi sa qualité. David Shwimmer va au plus vite, au plus explicite pour convaincre et traiter au cinéma un dossier sensible avec réalisme et conviction.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.