"Rogue One : A Star Wars Story" relance la saga
Les chevelus de 77
Un jour viendra où il n’y aura plus de spectateurs ayant découvert "La Guerre des étoiles" en 1977, puis suivi toute la saga dans son ordre de réalisation, comme il n’y a plus de poilus de 14, témoins de la Grande guerre. On pourrait les appeler les chevelus de 77. Quand il réalisait son film initiateur au milieu des années 70, Lucas déclarait avoir matière à trois trilogies, racontant celle en cours, les événements précédents, puis postérieurs. Les deux premières sont bouclées, la dernière est en attente des deux derniers films, après "Le Réveil de la force". Dans ce bel ensemble tarabiscoté, sans compter les remaniements de montage et d’effets spéciaux de la trilogie originelle, s’insère "Rogue One", qui raconte le vol des plans de l’Etoile de la mort, porte ouverte à d'autres digressions futures, car il est certain qu’on n'en restera pas là. Si George Lucas demeure consultant sur la saga, maintenant entre les mains de Disney, l’on sent bien un manque de renouvellement des scripts. "Le Réveil de la force" s’est avéré ainsi un quasi-remake d’"Un nouvel espoir" et de ce point de vue un semi-échec. La construction d’une troisième Etoile de la mort, ainsi que la filiation entre Han Solo et Kylo Ren (fade avatar de Dark Vador, père de Luke Skylwalker), le droïde BB-8, homologue de R2D2…, sentaient le réchauffé. "Rogue One" parvient à éviter en partie cet écueil, même si l’arme de destruction massive de l’Empire est toujours d’actualité (mais c’est justifié), ou que le personnage central de Jyn Erso évoque une jeunesse possible de Leia et qu’elle est aussi l'enjeu d’une filiation plus ou moins trahie (son père étant la cheville ouvrière de l’Etoile de la mort, mais acquis à la cause des rebelles).Image réaliste et nostalgie
Le scénario de "Rogue One" tient toutefois bien la route, en creusant judicieusement la nature des rebelles, démontrant qu'ils ne forment pas une belle unité face à l'Empire, et que des factions dissidentes y participent. De plus la liaison entre l'épisode 3 et 4 est bien amenée, donnant notamment plaisir aux spectateurs de la première heure, mais aux autres aussi, avec la jubilation de découvrir ce qui s'est passé juste avant l'apparition de ce vaisseau spatial dans l'espace poursuivi par un croiseur de l'Empire, sur laquelle s'ouvrait "La Guerre des étoiles" (image inédite, spectaculaire et inattendue qui devait révolutionner le cinéma de divertissement)."Rogue One" est également une bonne surprise par la texture de ses images, plus réalistes, moins "fantasy" que celle de
"Rogue One" sent toutefois une réalisation assumée par un technicien, avant d'être celle d'un metteur en scène. Gareth Edwards ne démérite pas pour autant, revendiquant sa vocation, initiée, selon lui, par la vision du film de George Lucas dans sa jeunesse. Il est passé entre-temps par la mise en œuvre d'effets spéciaux, pour lesquels il a été reconnu dans le milieu, avant de signer son premier long métrage, "Monsters" (2010), très bien accueilli par la critique et le public, puis "Godzilla" (2014), moins apprécié. "Rogue One" laisse poindre un nouvel espoir pour la franchise "Star Wars".
Reportage: E. Ferret / F. Olivier / S. Wislin
LA FICHE
Science-fiction de Gareth Edwards (II) (Etats-Unis), Avec : Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn, Mads Mikkelsen, Forest Whitaker, Donnie Yen - Durée : 2h14 - Sortie : 14 décembre 2016
Synopsis : Situé entre les épisodes III et IV de la saga Star Wars,"Rogue One" voit des personnes ordinaires qui, pour rester fidèles à leurs valeurs, vont tenter l’impossible au péril de leur vie. Ils n’avaient pas prévu de devenir des héros, mais dans une époque de plus en plus sombre, ils vont devoir dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.
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