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"Salauds de pauvres" : film à sketchs politiquement incorrect

Avec douze réalisateurs à la barre, dont Patrice Leconte comme parrain, "Salauds de pauvres" risque de ne pas faire l’unanimité pour son ton décalé.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
Albert Delpy dans le sketch signé Patrice Leconte de Salauds de pauvres (Copyright Dix-Huit Jours)

Patrice Leconte parraine onze réalisateurs qui signent leur premier film, pour certains venus de la scène humoristique, comme Christophe Alévêque, Sophie Forte ou Gierdré. Salauds de pauvres compile douze historiettes autour de la notion de classes sociales, sur un ton qui serait au croisement du magazine humoristique Fluide Glacial et des Monty Python.

Belle brochette

Une demi-mondaine fait la manche à un SDF, un autre, mal léché et raciste, vitupère contre les services du 115, un mari huppé loue un pauvre pour faire un cadeau à sa femme, un enfant des cités est privé de vacances, une émission de télévision consacrée à la fracture sociale tourne au pugilat, un homme qui a tout perdu se venge sans le faire exprès de son ex, l’association des Petits frères des riches se réunit, une star opportuniste partage un squat avec sa bande de parasites…Toutes ces petites histoires sont reliées par les commentaires à côté de la plaque de François Rollin.

Le ton de la farce qui domine Salauds de pauvres flirte parfois avec un non-sens très britannique, dans ce pamphlet sur la pauvreté qui ne plaira pas à tout le monde. Une belle brochette de comédiens et de comédiennes, pour beaucoup venus du one man show, du stand up et du théâtre, mais aussi du cinéma, y apporte sa contribution : Arielle Dombasle, Albert Delpy, Zabou Breitman, Philippe Chevallier, Christine Murillo, Virginie Lemoine, Carolina, ou Husky Kihal, qui serait le fil rouge de tous les segments.

Film choral et cohérent

Sans véritable lien entre eux, écrits et réalisés par douze réalisateurs différents, Salauds de pauvres possède pourtant une unité visuelle et une mise en images soignée, d’autant plus remarquables que c’est pour tous, sauf Patrice Leconte, leur premier film. Le rire laisse parfois place à l’émotion, comme dans la séquence sur le petit garçon privé de vacances. Inégal comme tout film à sketchs, il reste toutefois d’une belle tenue générale, si l’on est sensible à son humour.

Arielle Dombasle dans le sketch signé Patrice Leconte de Salaud de pauvres. (Dix-Huit Jours)

L’expression "salaud de pauvres" apparaît dans La Traversée de Paris de Marcel Aymé, adapté en 1956 par Claude Autant-Lara avec Bourvil et Jean Gabin qui la lance, dans la scène d’ouverture. Mais on l’attribut souvent par erreur à Coluche. Elle colle parfaitement à ce film choral qui pointe les inégalités sociales sans toutefois tomber dans l’évangélisme.

L'affiche du film à sketchs Salauds de pauvres (Dix-Huit Jours)

La Fiche

Genre : Comédie à sketchs
Réalisateurs : Patrice Leconte, Christophe Alévêque, Sophie Forte, Rémi Cotta, Jean-Claude Deret, Charles Dubois, Giédré et Nadia Kozlowski-Bourgade
Acteurs :  Arielle Dombasle, Albert Delpy, Zabou Breitman, Christophe Alévêque, Albert Mesley, François Rollin, Christine Murillo, Philippe Chevalier, Virginie Lemoine, Serge Riaboukine, Serena Rinaldi, Carolina

Pays : France
Durée : 1h46
Sortie : 5 juin 2019
Distributeur : Dix-Huit Jours

Synopsis
 : Salauds de pauvres est un film à sketchs, écrit par douze auteurs. Miroir ou projection, Salauds de pauvres s’amuse de faits de tous les jours et ne raconte pas une histoire, mais des histoires. À travers ces histoires courtes et amères, sont dévoilées toutes les fissures du genre humain, qui, dans un mouvement de mondialisation et de néolibéralisme de plus en plus affirmé, peuvent amener l’homme ordinaire à être un monstre de lâcheté, de cruauté, d’indifférence ou d’hypocrisie. Salauds de pauvres sous un angle décalé, retranscrit la réalité de façon provocante ou non, toujours avec la même ambition : faire réagir.

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