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"Selma" : cinquante ans après, la longue marche n’est pas terminée

Plus qu’un simple film, c’est une page essentielle de l’histoire des Etats-Unis que le public français s’apprête à découvrir mercredi. Dans "Selma", la réalisatrice Ava DuVernay relate le combat de Martin Luther King pour le droit de vote des Noirs. La sortie du film, déjà numéro 2 au box-office américain, intervient alors qu’un jeune noir de 19 ans a été abattu par un policier blanc vendredi.
Article rédigé par Sophie Granel
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 7 mars 1965, Martin Luther King (David Oyelowo) entame sa marche pour les droits civiques à Selma, Alabama.
 (Pathé Distribution)

"I have a dream". Cette phrase prononcée par Martin Luther King le 28 août 1963 est entrée dans la légende. En revanche, peu de gens - notamment en France - connaissent en détail le combat politique du révérend King. Les marches de Selma en sont la parfaite illustration.

En mars 1965, Martin Luther King qui mène depuis plusieurs mois des négociations avec Lyndon Johnson afin de faire tomber les entraves au doit de vote des Noirs, se heurte à un refus catégorique. Il décide alors de se dresser contre l’injustice.

Reportage : N.Lemarignier / A.Grenier-Comard

Le 7 mars Luther King donne le départ d’une marche à Selma dans l’Alabama, l’un des états où la ségrégation raciale est la plus violente. Le cortège doit rallier la capitale de l’état, Montgomery. Il n’y parviendra pas. Sur le pont Edmund Pettus, entré depuis dans l’Histoire, les policiers attaquent les 600 manifestants à coups de matraque et de gaz lacrymogène. 60 personnes seront blessées lors de ce qui a été appelé le « Bloody Sunday » (dimanche sanglant).
En 1965, les marches de Selma rassemblent jusqu'à 25 000 personnes pour le droit de vote des Noirs.
 (F&A Archive / The Art archive / The Picture Desk)
Loin d’être découragés, deux jours plus tard, le 9 mars, ce sont 2000 personnes qui reprennent la route. Là encore, les autorités interviennent. Ce n’est finalement que le 25 mars que le cortège, qui compte désormais 25 000 manifestants noirs et blancs, arrive à destination. Cinq mois plus tard, le 6 août 1965, la loi sur le droit de vote pour tous (Voting Rights Act) est ratifiée par Lyndon Johnson.
Barack Obama sur le célèbre Edmund Pettus Bridge, le 7 mars 2015.
 (Saul Loeb / AFP)
Cinquante ans plus tard, l’actuel président des Etats-Unis a rendu hommage à ce combat. Barack Obama – premier président noir, tout un symbole ! – a prononcé un discours devant 40 000 personnes, un discours dans lequel il a appelé à la vigilance alors qu’un rapport publié la semaine dernière pointe du doigt les violences policières à l’encontre des Noirs dans le Missouri où un jeune homme de couleur a été tué en août dernier à Ferguson. Depuis, plusieurs tragédies de ce genre ont été rapportées. Pas plus tard que vendredi dernier, un jeune Noir de 19 ans a été tué par un policier blanc dans le Wisconsin. Il n’était pas armé.

Un film militant

C’est cette actualité dramatique qui fait notamment de « Selma », un film à part. Car la "longue marche" entamée il y a un demi siècle par Martin Luther King n’est pas terminée.

Reportage : D.Poncet / S.Lacombe
Les acteurs du film au premier rang desquels David Oyelowo (qui interprète un Martin Luther King troublant de ressemblance) ont mis beaucoup d’eux-mêmes dans le projet. Oprah Winfrey, actrice et productrice, insiste notamment sur le fait que certes, le film donne un éclairage inédit sur le combat du pasteur King, mais il permet surtout de rendre hommage à tous ces anonymes qui ont rendu ce combat possible. Des anonymes qui, aujourd’hui encore, poursuivent leur lutte pour une Amérique plus juste. 

"Selma" d'Ava DuVernay, avec David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Tim Roth, Oprah Winfrey...Sortie en France le 11 mars 2015.

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