"Snowden" : Olivier Stone rend hommage au lanceur d'alerte
Avant d'être un grand cinéaste Oliver Stone est un homme engagé qui n'a jamais égaré sa capacité d'indignation. Son regard critique sur l'Amérique l'a amené à signer des films puissants et polémiques, qui revisitent l'histoire de son pays, de "Platoon" à "Wall Street : l'argent ne dort jamais" en passant par "JFK" ou "W". A chaque fois, Stone se mouille, offre un point de vue, tout en construisant des films très hollywoodiens, magnifiquement emballés.
Reportage : P. Deschamps / S. Gorny / A. Da Silva
Cette fois, Stone filme l'incroyable histoire d'Edward Snowden, ce jeune homme qui a osé défier les Etats-Unis. Informaticien autodidacte et surdoué, Snowden mène une jolie carrière dans les zones sombres de l'administration américaine, là où les grandes oreilles de l'Oncle Sam sont déployées pour écouter le monde entier. Son confortable salaire et ses convictions patriotiques ne vont pas suffire à lui faire avaler toutes les couleuvres. Edouard Snowden découvre chaque jour un peu plus l'ampleur des pratiques du renseignement américain. La NSA n'a plus de limites. Ni technologiques, ni morales. Elle est partout. Elle écoute et lit tout. Les mails, les réseaux sociaux. Elle est comme chez elle chez les géants du numérique, violant en permanence la Constitution. Edward Snowden décide de sacrifier son confort pour libérer sa conscience. Un acte qui va faire de lui un paria, un apatride contraint de s'exiler en Russie, que les Etats-Unis tentent de récupérer à tout prix.
Oliver Stone a choisi son camp, sans hésitation et sans nuance. Il admire ce type un peu gauche, doté d'un courage très au dessus de la moyenne. Pour lui, Edward Snowden est un héros. Et Barack Obama s'est renié en choisissant de soutenir son administration contre l'homme qui en dénonçait les dérives.
Le réalisateur américain a fait de la saga "Snowden" un film d'espionnage réussi, bien structuré, à l'esthétique impeccable. Son mode de récit est classique et forcément stylisé, articulé autour de flashbacks, menant de front la vie privée du jeune homme et la dimension politique de ses activités.
Joseph Gordon-Levitt est un Snowden très convaincant. Outre la ressemblance physique, son interprétation toute en nuance l'installe dans les habits d'un anti-héros que l'on a envie de soutenir dans son combat contre l'état tentaculaire. Shailene Woodley, qui incarne sa compagne Lindsay Mills, est tout aussi convaincante en jeune femme pétillante qui ne lâche pas l'homme qui saccage ses envies de stabilité. Avec ce grand spectacle engagé, Oliver Stone atteint son objectif. "Snowden" est un film de son époque, courageux et convaincant.
La fiche
Biopic d'Oliver Stone – avec Joseph Gordon-Levitt, Shailene Woodley, Melissa Leo, Zachary Quinto et Nicolas Cage – Durée : 2h14 – Sortie : 1er novembre 2016
Synopsis : Patriote idéaliste et enthousiaste, le jeune Edward Snowden semble réaliser son rêve quand il rejoint les équipes de la CIA puis de la NSA. Il découvre alors au cœur des Services de Renseignements américains l’ampleur insoupçonnée de la cyber-surveillance. Violant la Constitution, soutenue par de grandes entreprises, la NSA collecte des montagnes de données et piste toutes les formes de télécommunications à un niveau planétaire. Choqué par cette intrusion systématique dans nos vies privées, Snowden décide de rassembler des preuves et de tout divulguer. Devenu lanceur d’alerte, il sacrifiera sa liberté et sa vie privée. En juin 2013, deux journalistes prennent le risque de le rencontrer dans une chambre d’hôtel à Hong Kong. Une course contre la montre s’engage pour analyser les preuves irréfutables présentées par Snowden avant leur publication. Les révélations qui vont être faites dans cette pièce seront au cœur du plus grand scandale d’espionnage de l’histoire des États-Unis.
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