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"Sous le ciel d'Alice", un premier film onirique sur la tragédie libanaise

Alors que le Liban traverse une grave crise, Chloé Mazlo filme un conte spirituel sur la guerre civile et la diaspora libanaise.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
 Wajdi Mouawad et Alba Rohrwacher dans "Sous le ciel d'Alice" de Chloé Mazlo. (PASCAL CHANTIER / AD VITAM)

Sélectionné à la Semaine de la critique cannoise en 2020, Sous le ciel d'Alice est un film autobiographique, anticonformisme, et enthousiasmnt. Le premier long métrage de Chloé Mazlo est dédié à ses origines libanaises. Un film aux formes multiples qui reflète l’identité plurielle du Liban, sur les écrans mercredi 30 juin.

Artisanat

Alice quitte sa Suisse natale pour être puéricultrice à Beyrouth dans les années 1950. Elle se marie avec Joseph, dont elle a une fille, et est accueillie à bras ouverts par sa famille. Alice est devenue artiste et Joseph astrophysicien rêve  d’envoyer le premier Libanais sur la Lune. Quand la guerre civile éclate en 1975, la l’insécurité s'installe et déclenche la diaspora. Poussée par son mari à retourner en Suisse, Alice parviendra-t-elle à le convaincre de la suivre ?

La mise en scène de Chloé Mazlo renoue avec l’artisanat du cinéma avec des inventions bricolées, créatives et esthétiques. On pense à Michel Gondry. Des photos font office de décor, l’animation s’invite, le jeu minimaliste des acteurs donnent un ton libre et aérien au Ciel d’Alice. Les couleurs pastel parachèvent ce qui a tout d’un conte. Le doux visage d’Alba Rohrwacher, son nom, son dépaysement, renvoient à Alice au pays des merveilles. Comme dans le conte, l’histoire est narrée de son point de vue. Le film est sa vision du monde, avec plus de profondeur qu’il n’y paraît. A l'instar du récit de Lewis Carroll.

Résistance intérieure

Avant la guerre civile, le Liban était identifié à un "paradis", un pays des merveilles. Lieu de brassage d’un grand nombre de communautés vivant en harmonie, le pays a basculé dans l’enfer, malmené par ses puissants voisins. Comme chez Carroll, les merveilles sont rattrapées par le réel. A l’image de la Reine de cœur qui décapite ses contradicteurs dans le conte, c’est la guerre qui s’acharne sur les libanais, sous des arguments fallacieux. 

Alba Rohrwacher dans "Sous le ciel d'Alice" de Chloé Mazlo. (PASCAL CHANTIER / MOBY DICK FILMS)

Mais le film n'est pas pour autant politique, Chloé Mazlo peint le portrait d’une famille prise dans la tourmente. Elle filme le destin d’un peuple pluriel qui résiste, grâce à sa force intérieure. L’image est tout en douceur, alors que sévissent la guerre, les attentats, les perquisitions. Le fossé entre le contexte guerrier et sa représentation sucrée créé un climat surréaliste. Chloé Mazlo traduit par l’image cette confiance sereine en soi et envers les autres dans l’adversité. Ce qui fait tout le sel du Ciel d’Alice. Zen.

L'affiche de "Sous le ciel d'Alice" de Chloé Mazlo. (AD VITAM)

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Chloé Mazlo
Acteurs : Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi
Pays : France
Durée : 1h30
Sortie : 30 juin 2021
Distributeur : Ad Vitam

Synopsis : Dans les années 50, la jeune Alice quitte la Suisse pour le Liban, contrée ensoleillée et exubérante. Là-bas, elle a un coup de foudre pour Joseph, un astrophysicien malicieux qui rêve d'envoyer le premier libanais dans l'espace. Alice trouve vite sa place dans la famille de ce dernier. Mais après quelques années de dolce vita, la guerre civile s'immisce dans leur paradis...

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