Cet article date de plus de huit ans.

"Sparrows" : une adolescence islandaise bouleversante

Comme il y a un polar nordique en pleine effervescence, le cinéma qui vient du froid s’invite de plus en plus régulièrement sur nos écrans. C’était "Le Lendemain" du Suédois Magnus von Horn, il y a un mois et demi, c’est "Sparrows" de l’Islandais Rúnar Rúnarsson aujourd’hui. Tous deux retracent le parcours d’un adolescent en crise d’identité, un sujet universel et éternel de la fiction.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Atli Oskar Fjalarsson dans "Sparrows" de  Rúnar Rúnarsson
 (Nimbus Film Productions)

Entre deux mondes

Beaucoup de points communs rassemblent "Sparrows" et "Le Lendemain". Un adolescent retrouve son père après une longue absence, il entre en conflit avec lui, renoue avec d’anciennes connaissances, vit une histoire d’amour… Il n’y a pas pour autant répétition et de ce point de vue, les deux films sont plus complémentaires que redondants. Car les contextes sont différents, entraînant d’autres histoires, d’autres sentiments, d’autres émotions.

Dans "Sparrows" Ari (Atli Oskar Fjalarsson, à fleur de peau) rejoint un père divorcé, absent depuis six ans, alcoolique et profondément attaché à sa mère en fin de vie. Livré à lui-même, perturbé par un retour à une existence rurale, alors qu’il a grandi dans la capitale Reykjavik, Ari a une voix de haute-contre, angélique, qui traduit toute sa sensibilité. Il se retrouve dans un monde frustre, en la personne d’un père dilettante, entouré de soudards, avec lesquels il partage bière et femmes volages. Une seule échappatoire : sa petite amie d’avant son départ pour la ville, que lui dispute un autre garçon.

Cataliseur

Dans cet univers pétri de frustrations constantes, d’épreuves,  jalonné de déceptions, Ari lutte de tous les instants. Pour lui, son amoureuse, et surtout son père, afin de lui redonner une dignité perdue. Le titre "Sparrows" (moineaux) traduit la fragilité de tous ces personnages, ces êtres, en proie à une hostilité environnementale ; de la nature islandaise, mais surtout psychologique, par les antagonismes entre des protagonistes.. Ari sera peut-être le cataliseur salvateur, rassembleur, fédérateur de tous ces conflits.

 Ingvar Eggert Sigurðsson et Atli Oskar Fjalarsson dans "Sparrows" de  Rúnar Rúnarsson 
 (Nimbus Film Productions)

Au-delà de ses sombres instances, "Sparrows" développe un discours éminemment positif. Dans le parcours initiatique d’Ari, son abnégation, son don de soi, investis d’une vérité qui pourrait être salvatrice. Rúnar Rúnarsson n’est pas pour autant moralisateur, aux rênes d’une mise en scène en retrait, observatrice, tout en restant sensible. "Sparrows" fut à ce titre récompensé dans plusieurs festivals internationaux, avec raison. C’est dire si l’on se retrouve dans ce film juste et grave, imprégné d’humanité. 

Reportage : C. Laronce / P. Lagaune / J.J. Buty / J.A. Balcells / E. Brouillard / B. Richard

 
"Sparrows" : l'affiche originale
 (DR)

LA FICHE

Drame de Rúnar Rúnarsson (Islande - Danemark - Coatie) - Avec :  Atli Oskar Fjalarsson, Ingvar Eggert Sigurðsson, Nanna Kristín Magnúsdóttir, Rade Serbedzija    - Durée : 1h39 - Sortie : 13 juillet 2016
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Ari, 16 ans, vit avec sa mère à Reykjavik lorsqu’il doit soudain retourner vivre chez son père Gunnar, dans la région isolée des fjords, au nord-ouest de l’Islande. Sa relation avec son père n’est pas des plus faciles et ses amis d’enfance semblent avoir bien changé. C’est dans cette situation difficile à laquelle il ne peut échapper qu’Ari devra s’imposer pour trouver sa voie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.