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"Split" : le réalisateur M. Night Shyamalan ne retrouve pas son "Sixième sens"

M. Night Shyamalan a établi depuis "Sixième sens" (1999) un mode narratif consistant à nous emmener dans une histoire avec un retournement de situation final déconcertant et souvent séduisant ("Incassable", "Le Village"). Bon conteur, en signant ses scénarios le cinéaste s’est toutefois épuisé au fil des années, sans retrouver la verve de ses débuts, ce que confirme "Split".
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
James McAvoy dans "Split de M. Night Shyamalan
 ( Universal Pictures)

Dans l’ombre d’Hitchcock

Comparé à Steven Spielberg, ou Alfred Hitchcock, ces identifications flatteuses ne servent pas forcément M. Night Shyamalan, tant son système s’est épuisé au fil des années, avec des échecs cuisants ("La Jeune fille et l’eau", "le Dernier maître de l’air", "After Earth", "The Visit"). La référence majeure de "Split" demeure évidement "Psychose" d’Hitchcock, vu son psychopathe criminel à personnalités multiples (James McAvoy). Il est amusant à ce titre de remarquer qu’un des hommages au maître du suspense s’effectue par procuration, dans l’apparition d’un personnage sosie de Brian DePalma qui n’a eu de cesse de se référer au grand Hitch dans ses films.

Kevin revêt 23 personnalités différentes, jusqu’à l’apparition d’une 24e qui va supplanter toutes les autres. Il y aurait pu y en avoir deux, trois, quatre, ou cinquante, cela n’aurait pas changé grand-chose à l’affaire. D’autant que Shyamalan n’en présente "que" huit. On pouvait s’attendre, et c’est un des arguments de vente du film, à ce que James McAvoy qui les endosse toutes, produise une performance étonnante. Le cas n’est pas probant, son jeu laissant plus place à du surlignage qu’a des modulations inquiétantes.

…et du "Silence des agneaux"

Shyamalan va également dans le sens du vent, en traitant d’une histoire de rapts de jeunes filles, enfermées dans des caves gothiques qui ont fait la une des faits divers et de films à répétition depuis "Le Silence des agneaux". Un film auquel "Split" ne manque pas de se référer via la fixation sur la couture d’un des avatars de Kevin.

Anya Taylor-Joy dans "Split" de M. Noght Shyamalan
 (Universal Pictures International France)

M. Night Shyamalan ne convainc guère, mais clôt son film sur une jolie pirouette, en reliant "Split" à "Sixième sens" et "Incassable", avec l’apparition en "caméo" (présence fugace d’une personnalité connue), de Bruce Willis ("Sixième sens"). Il relie les trois films, comme pour boucler une trilogie autour des troubles de la personnalité. Shyamalan joue aussi dans chacun de ses films au "caméo", tel Hitchcock. Mais à force de références, et de marcher dans des chemins balisés, Shyamalan perd ce qui avait  forgé son originalité et la personnalité de ses films.

"Split" : l'affiche française
 (Universal  Pictures International France)

LA FICHE

Thriller de M. Night Shyamalan (Etats-Unis) - Avec : James McAvoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley, Haley Lu Richardson, Jessica Sula, Brad William Henke, Sebastian Arcelus, Neal Huff  - Durée : 1h57 - Sortie: 22 février 2017
Interdit aux moins de 12 ans

Synopsis : Kevin a déjà révélé 23 personnalités, avec des attributs physiques différents pour chacune, à sa psychiatre dévouée, la docteure Fletcher, mais l’une d’elles reste enfouie au plus profond de lui. Elle va bientôt se manifester et prendre le pas sur toutes les autres. Poussé à kidnapper trois adolescentes, dont la jeune Casey, aussi déterminée que perspicace, Kevin devient dans son âme et sa chair, le foyer d’une guerre que se livrent ses multiples personnalités, alors que les divisions qui régnaient jusqu’alors dans son subconscient volent en éclats.

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