"Stella, une vie allemande" : l’histoire tragique d’une délatrice juive à Berlin durant la guerre

Dans la lignée du "Tambour" ou du "Mariage de Maria Braun", "Stella, une vie allemande" revisite Berlin durant la Seconde Guerre mondiale.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Paula Beer dans "Stella, une vie allemande", de Kilian Riedhof (2024). (MAJESTIC/ JURGEN OLCZYK)

Le réalisateur allemand Kilian Riedhof retrace l’activité au service de la Gestapo de Stella Goldschlag de 1943 à 1945 à Berlin, dans Stella, une vie allemande qui sort mercredi 17 janvier. Si Le Tambour de Volker Schlöndorff ou Le Mariage de Maria Braun de Reiner Werner Fassbinder font référence sur le sujet, ils se fondent sur des personnages fictifs, alors que Stella Goldschlag, aussi connue sous le nom de Stella Kübler (1922-1994), est un personnage historique, qui entraîne le film vers le sujet de la délation, rarement portée à l’écran.

Une vie à côté

En 1943 à Berlin, chanteuse de jazz en devenir, juive, Stella travaille à l’usine et boucle les fins de mois en fabriquant des faux papiers et en faisant quelques passes. Jusqu’au jour où elle est arrêtée et torturée par la Gestapo pour dénoncer des Juifs autour d’elle. Menacée d’être envoyée à Auschwitz avec ses parents, elle commence à dénoncer des Juifs de son entourage, puis des groupes entiers cachés dans Berlin. Arrêtée par les Soviétiques, elle sera condamnée à dix ans de prison en URSS. De retour à Berlin en 1957, elle est à nouveau condamnée à la même peine, mais l’ayant déjà purgée en URSS, est libérée. Rejetée et seule, elle se suicidera en 1997 à l’âge de 72 ans.

Stella, une vie allemande est un film sur la culpabilité. Comme elle le dit elle-même, interprétée par une remarquable Paula Beer, "je n’ai jamais eu une vie normale". Arrêtée, torturée, emprisonnée, manipulée par la Gestapo, délatrice secrète puis au grand jour, surnommée Greifer (le grappin), et à nouveau emprisonnée, Stella Goldschlag voit son destin mis à plat avec des "circonstances atténuantes", dans la version qu'en donne Kilian Riedhof.

Juge et bourreau

Paula Beer habite un rôle très physique qui passe du glamour à la prison, et inversement, en jouant d’une palette de jeux exprimant toutes les émotions, de l’amour à la peur, de la contrainte à l’assumation de sa fonction. Kilian Riedhof adopte une mise en scène classique qui convient au sujet, sans toutefois jamais faire l’impasse des sentiments.

Stella, une vie allemande traite d’un sujet rare à l’écran, sans doute inédit, à travers le destin de Stella Goldschlag. En relatant l'histoire d’une vie qui ne lui appartient plus, une vie de juge et de bourreau, le réalisateur Kilian Riedhof s’empare de cette existence avec une certaine empathie et tendresse. Il présente Stella comme une "malgré elle", sous la pression gestapiste. Sans être une réhabilitation qui n’a pas lieu d’être, Stella, une vie allemande éclaire d’un jour inédit un pan de l’histoire, tout en favorisant l’émotion.

L'affiche de "Stella, une vie allemande", de Kilian Riedhof (2024). (KINOVISTA)

La fiche

Genre : Drame historique
Réalisateur : Kilian Riedhof 
Acteurs : Paula Beer, Jannis Niewöhner, Katja Riemann, Lucas Miko, Bakim Lafiti
Pays :  Allemagne
Durée :  2h01
Sortie : 17 janvier 2024
Distributeur : Kinovista

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Synopsis : Stella, grandit à Berlin sous le régime nazi. Elle rêve d'une carrière de chanteuse de jazz, malgré toutes les mesures répressives. Finalement contrainte de se cacher avec ses parents en 1944, sa vie se transforme en une tragédie coupable. Inspiré de la véritable histoire de Stella Goldschlag.

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