"Sur un fil" : Reda Kateb passe derrière la caméra pour rendre hommage à la figure essentielle du clown
Après son court-métrage Pitchoune, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2015, le comédien Reda Kateb réalise son premier long-métrage pour raconter le quotidien des clowns œuvrant dans les hôpitaux auprès des enfants malades. Adapté du livre Le rire médecin : journal du docteur Girafe (Albin Michel) de Caroline Simonds, fondatrice de l'association Le rire médecin, Sur un fil sort dans les salles le 30 octobre 2024.
Jo (Aloïse Sauvage) est une jeune et talentueuse acrobate. Elle se blesse au cours d'une représentation au cirque et doit s'arrêter de travailler pendant la convalescence. Pour survivre et parce qu'il faut bien "payer son loyer", et que Jo ne veut pour rien au monde dépendre de son envahissante mère, elle s'engage dans l'association Nez pour rire.
Après avoir observé son collègue de cirque Thierry, alias Poireau (Philippe Rebbot), Thierry, alias Roger Chips (Jean-Philippe Buzeaud), et pris quelques cours avec les autres clowns de l'association présidée par l'intransigeante Tamara (Elsa Wolliaston), Jo devient Zouzou et commence son travail auprès des enfants malades. La jeune femme se rapproche de Yacine, atteint d'une leucémie en plus d'avoir perdu sa mère…
Ce premier film de Reda Kateb dresse le portrait d'une jeune femme qui cherche sa voie, et fait par ce prisme le récit presque documentaire du travail des clowns à l'hôpital. À travers le parcours de Jo et de ses comparses, on appréhende la difficulté de la tâche et le rôle primordial des clowns dans le processus de guérison des enfants.
Naissance d'un clown
Ces clowns, s'ils sont là pour distraire, travaillent main dans la main avec les personnels soignants, participant au suivi de la santé des jeunes patients, aux transmissions, à l'accompagnement des familles. Comment trouver la distance, apporter soutien et réconfort sans s'impliquer trop fortement ?
C'est cette expérience que traverse Jo avec l'aide de ses deux partenaires, mais aussi avec Tamara et l'ensemble des clowns de l'association, avec lesquels elle apprend le métier.
Malgré tout, lancée trop tôt peut-être dans les chambres de l'hôpital, Jo éprouve des difficultés à trouver la bonne distance et commet des maladresses. Autant que son ancien métier, celui de clown à l'hôpital se pratique "sur un fil", avec en permanence la nécessité de trouver un équilibre entre le spectacle et la vie.
Le film est porté par le personnage de Jo, puissamment incarné par l'artiste complète Aloïse Sauvage, actrice, danseuse, musicienne, familiarisée avec le monde du cirque (elle a passé trois ans à l'académie Fratellini). Reda Kateb a lui-même, comme son personnage, suivi les cours et accompagné en immersion les équipes de l'association Le rire médecin à l'hôpital.
Exclusivement derrière la caméra, le comédien filme ses acteurs avec générosité, et ils le lui rendent bien. Autour d'Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot, Jean-Philippe Buzaud et Elsa Williaston, ou encore Sara Giraudeau dans le rôle de la cheffe de service à l'hôpital, ou Samir Guesmi dans celui du père de Yacine, il a également tenu à faire jouer des clowns professionnels.
On aurait aimé que la figure du clown soit davantage creusée, même si ce film sensible rend hommage à ce personnage à part du spectacle vivant. Un scénario plus resserré et une réalisation plus épurée auraient sans doute permis à ce premier film sensible, qui traite d'un beau sujet, d'être complètement abouti.
La fiche
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Reda Kateb
Acteurs : Aloïse Sauvage, Philippe Rebbot, Jean-Philippe Buzaud, Sara Giraudeau
Pays : France
Durée : 1h56
Sortie : 30 octobre 2024
Distributeur : Universal Pictures International France
Synopsis Jo, une jeune femme, artiste de cirque de rue, découvre le travail des clowns professionnels de Nez pour rire. Vite – peut-être trop vite – entrée dans l'association, elle se retrouve à l'hôpital au contact des enfants, des malades, des soignants et des familles, à qui ces clowns tentent inlassablement d'apporter de la joie et du réconfort.
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