"Tenet" : le blockbuster de Christopher Nolan ne remplit pas tout à fait son contrat
Attendu comme le messie par les exploitants pour relancer la fréquentation des cinémas, le nouveau film d'action du réalisateur de "Inception" risque de faire pschitt.
Toujours exigeant dans ses scénarios originaux, tout en surfant sur le cinéma de genre, Christopher Nolan (la trilogie Dark Knight, Inception, Interstellar) n’est cette fois pas vraiment au rendez-vous. Avec Tenet, qui sort mercredi 26 août, il réalise un film d’espionnage qui marche dans les pas de James Bond, avec au cœur de l’intrigue un jeu sur le temps, thème qui lui est cher, mais au développement peu convaincant.
James Bond dans le rétro
Un espion américain (John David Washington, génial dans BlacKkKlansman) découvre qu’une nouvelle arme est à l’œuvre dans les conflits mondiaux. Celle-ci permet d’intervenir dans le passé et le futur pour changer le présent et ainsi peser sur l’issue des conflits. L’agent remonte la filière de ses concepteurs et tombe sur un dangereux mégalomane, condamné par la maladie, qui décide d’entraîner avec lui l’humanité entière dans l’apocalypse.
Christopher Nolan serait un réalisateur idéal pour un James Bond. Problème : le cinéaste, né à Londres, a la double nationalité anglo-américaine, alors que les producteurs de la célèbre franchise n’acceptent traditionnellement qu’un britannique, ou un membre du Royaume-Uni, derrière la caméra. Être aux services secrets de sa majesté a ses impératifs. Même chose pour Steven Spielberg, lui, américain pur jus, qui rêve de réaliser un Bond. C’est certainement la raison pour laquelle Christopher Nolan lorgne sérieusement du côté du héros de Ian Fleming dans son nouveau film, Tenet, la couleur de son héros faisant la différence. Mais pour le reste : mégalo de service, voyages aux quatre coins du monde, glamour, bagarres et scènes d’action ambitieuses, dont un formidable crash d’avion dans un aéroport, sont au menu.
Procédé éculé
Au regard du complexe temporel au cœur de son film, Christopher Nolan ne remplit pas tout à fait le contrat. Le temps est un sujet qui nourrit son cinéma depuis son premier long métrage Memento (2000), pour être magistralement maturé dans Inception (2010), puis Interstellar (2014). De plus en plus complexe dans ses scénarios, dûment documentés, on arrivait jusqu’ici à suivre son propos. Mais on perd un peu le fil dans Tenet, les "explications" s’avérant plutôt confuses. Elles sont de plus illustrées par une mise en images qui repose sur le montage à l’envers de l’action. Le procédé remonte aux frères Lumière (Démolition d’un mur, 1896), et s'avère sans surprise, malgré les efforts mis en oeuvre.
On n’est pas plus convaincu par l’espion qu’interprète John David Washington, ou l’héroïne, Elizabeth Debicki (Les Gardiens de la galaxie 2), qui n’inspirent guère d’empathie. Robert Pattinson est, lui, au rendez-vous dans un double jeu troublant, et surtout Kenneth Branagh, parfait, tout en malignité paranoïaque, dans son rôle de mégalomane très "bondien". Au final, Tenet reste un film d’action assez conventionnel. Espérons que l’attente comblera cette déception relative pour attirer les spectateurs, mais le succès risque d’être fugace.
La fiche
Genre : Action / Science-fiction
Réalisateur : Christopher Nolan
Acteurs : John David Washington, Robert Pattinson, Elizabeth Debicki, Kenneth Branagh
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h30
Sortie : 26 août 2020
Distributeur : Warner Bros. France
Synopsis : Muni d'un seul mot – Tenet – et décidé à se battre pour sauver le monde, notre protagoniste sillonne l'univers crépusculaire de l'espionnage international. Sa mission le projettera dans une dimension qui dépasse le temps. Pourtant, il ne s'agit pas d'un voyage dans le temps, mais d'un renversement temporel…
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