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"The Last Face" : l’Afrique, les bons sentiments et Sean Penn

15 ans après "The Pledge", Sean Penn est de retour en compétition pour nous conter la romance entre une patronne d’ONG et un médecin humanitaire dans une Afrique ravagée par les conflits. Un film boursouflé, quelque fois maladroit, empli de bons sentiments, mais qui ne mérite sans doute pas l’opération de démolition qu’il est en train de subir.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Charlize Theron et Javier Bardem dans "The Last Face"
 (Mars Films)

"Le nanar du festival". "Un film vraiment dégueulasse et indécent". "Une honte". "Le pire film de la compétition", pouvait-on lire sur les réseaux sociaux, après la projection de "The Last Face".
 
Mais ce film méritait-il un tel déversement de haine ? Bien évidemment non. Si le cinquième long métrage de Sean Penn est loin d’être le meilleur film de cette 69e édition, il n’est assurément pas non plus cette "bouse abjecte et répugnante".
 
Sean Penn, neuf ans après "Into the wild", où tous ses bons sentiments suintaient déjà, nous conte l’histoire d’amour entre la directrice d’une ONG interprétée par Charlize Theron et un médecin humanitaire (Javier Bardem) travaillant à ses côtés dans un Libéria ravagé par la guerre civile. Deux personnages confrontés aux abominations mais qui verront leur amour imposer ses lois. Avec une trame de départ pareille , qui pouvait s’attendre à un film flamboyant ?
 

Un scénario qui manque de charpente

Sean Penn, malgré toutes ses bonnes intentions, ne parvient pas à nous passionner pour cette histoire, surtout dans sa partie mélo. La faute non pas à la mise en scène plutôt respectable mais à un scénario manquant de charpente et des dialogues, il faut bien le reconnaître, parfois assez absurdes. "Me pénétrer n’est pas me comprendre", lancera par exemple le personnage de Charlize Theron à son amant.
  (Mars Films)

L’Afrique, on le sait, reste un terrain glissant pour nombre de réalisateurs occidentaux. Comme Edward Zwick qui livrait avec "Blood Diamond" un film sans nuance et souvent tiré par le bas par un hollywood condamné à la rentabilité. Sean Penn, connu pour son engagement humanitaire, notamment après le tremblement de terre à Haïti en 2010, ne parvient pas à infirmer ce constat.
 

Un contexte trop vite éludé

La guerre en Afrique, du Libéria au Soudan en passant par la Sierra Leone n’est qu’une toile de fond. Un simple prétexte à une histoire d’amour contrariée. Mais qui pouvait en douter ? Et qui cela peut encore choquer ? Si l’horreur de ces conflits auraient sans doute mérité un traitement documentaire, l’histoire, assez boursouflée proposée par Sean Penn est, sans être remarquable, loin d’être honteuse.
 
L’on se demande malgré tout ce que ce film peut bien faire en compétition officielle, quand le documentaire poignant et magistral de Mahamay-Saleh Haroun, "Hissein Habré, une tragédie tchadienne", n’a lui été projeté qu’en séance spéciale.

LA FICHE

Drame de Sean Penn - Avec Javier Bardem, Charlize Theron, Adèle Exarchopoulos et Jean Reno.

Synopsis : Au Libéria, pays d’Afrique ravagé par la guerre, le docteur Miguel Leon, médecin humanitaire, et le docteur Wren Petersen, directrice d’une ONG, tombent passionnément amoureux l’un de l’autre. S’ils sont tous les deux engagés corps et âme dans leur mission, ils n’en sont pas moins profondément divisés sur les politiques à adopter pour tenter de régler le conflit qui fait rage. Ils devront surmonter leurs clivages et le chaos qui menace d’emporter le pays tout entier – sous peine de voir leur amour voler en éclats…

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