Cet article date de plus de neuf ans.

"The Lobster", pourquoi on en pince pour ce homard

Yorgos Lanthimos a imaginé un monde où hommes et femmes sont sommés de se trouver un partenaire en 45 jours, faute de quoi ils se transforment en l'animal de leur choix. Délirant ? Pas tant que ça… Esthétique et glaçant, "The Lobster" va au bout de ses idées. Il a obtenu le prix du jury au dernier Festival de Cannes.
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Colin Farrell et Rachel Weisz dans "The Lobster"
 (Haut et Court)

Pour apprécier ce film très original, il faut a minima accepter le postulat du réalisateur grec, et éviter de chercher le ridicule potentiel de chaque situation, sinon, autant passer son chemin. Ce cap franchi – ok, nous sommes donc dans un futur peu éloigné dans lequel les célibataires se transforment en homard ou en dromadaire – on goûte instantanément le sérieux et la créativité déployés par Lanthimos pour orchestrer son délire.

Nous voici donc dans le sillage de l'excellent Colin Farrell, récemment séparé et convoqué dans un hôtel de luxe où il aura un mois et demi pour bâtir une nouvelle relation amoureuse. Le rituel est bien rôdé. Rencontres, soirées dansantes, masturbation (interruptus) par le personnel pour être vraiment motivé et chasse à l'homme dans les bois…

Colin Farrell, John C. Reilly et Ben Whishaw (debout)
 (Haut et Court)

C'est une société poliment mais violemment totalitaire que décrit Yorgos Lanthimos. Dictature de l'amour, du bonheur, de la famille et de l'union parfaite, de la vie réussie. Si vous sortez des clous, vous finirez dans les bois, à danser en silence sur l'électro que déversent vos écouteurs, avant de finir broyé ou réincarné en animal de compagnie.

Ce genre de film a souvent du mal à trouver son second souffle passé l'effet de surprise initial. Ce n'est pas le cas de "The Lobster" qui trace sa route avec détermination jusqu'à une fin aussi ambigûe qu'effrayante. Lanthimos n'est pas très loin de Peter Watkins qui, en 1971, avait enflammé Cannes avec son "Punishment Park". A l'époque, les cibles vivantes étaient des pacifistes, opposés à la guerre du Vietnam, livrés aux meutes sécuritaires. Aujourd'hui, les fugitifs ont simplement raté leur couple. Les temps changent, mais les gardiens de l'ordre moral sont toujours là.


The Lobster
De Yorgos Lanthimos (Grèce/Grande-Bretagne/Pays-Bas), avec : Colin Farrell, Rachel Weisz, Ben Whishaw - 1H58 - Sortie : 28 octobre 2015

Synopsis : Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, il sera transformé en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants : les Solitaires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.