"The Northman", film de vikings comme on n’en a jamais vu, épique et époustouflant
Le réalisateur Robert Eggers renouvelle toute sa finesse d'approche d'un sujet peu visité au cinéma, dans le style réaliste et hyper documenté qu'il l'avait révélé dans "The Witch", sur la sorcellerie en Virginie au XVIIe siècle.
Auteur de The Witch (2016), sur la chasse aux sorcières au XVIIe siècle en Virginie, et de The Lighthouse (2019), Robert Eggers s’avère un des plus talentueux réalisateurs américains du moment. Il le confirme avec The Northman qui sort mercredi 11 mai, film de vikings au IXe siècle comme on n’en a jamais vu.
Butin fabuleux
En Islande au IXe siècle, Amleth, fils de roi, voit son père assassiné par son oncle qui prend le pouvoir et enlève la reine. Il fuit l’île, habité d’un désir de vengeance qu’il jure d’exécuter une fois adulte. Devenu un guerrier redoutable, une devineresse lui rappelle son vœu et Amleth revient dans son île natale, caché parmi les esclaves pour fomenter sa vengeance.
La reconstitution historique sied à Robert Eggers comme à peu de réalisateurs. Il l’a démontré dans The Witch, le film le plus troublant sur la sorcellerie depuis La Sorcellerie à travers les âges (Benjamin Christensen, 1921). Il transforme l’essai avec The Northman sur les Vikings, peu fréquents à l’écran, sauf dans Les Vikings de Richard Fleischer (1958) et quelques belles séries B. Est-ce dû au succès de la série TV Vikings que le sujet se retrouve au cinéma ? Entre les mains du cinéaste, le sujet devient un butin précieux, où se mêlent histoire, mythologie et action dans un récit fabuleux.
Brutal, mystique et épique
Le lien avec The Witch se lit dans l’image réaliste au service de l'évocation inédite d’un sujet mystérieux. S'y entremêlent histoire, mysticisme et drame familial : des composantes incarnées par des archétypes introduits peu à peu et finement dans le scénario. Au centre du récit : un "Berserker", guerrier redoutable du nord, qui tire sa force de sa fusion chamanique avec le loup. Les rituels reconstitués du film sont documentés et pour la première fois évoqués à l’écran dans des images impressionnantes et belles, sans être esthétisantes.
Les combats brutaux et sanglants, semblent sortis de toiles de Frank Frazetta, aux lumières nordiques, alors que les paysages, entre ciel, mer et terre, sont splendides de sobriété. Le tout est servi par un magnifique casting : Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Ethan Hawk, Björk et Willem Defoe. Robert Eggers nous étonne une fois de plus, comme David Fincher dans les années 90, qui tirait sur d’autres cordes, sujets et images. Ils se retrouvent dans une poétique au croisement du réel et des mythes, sous une forme inédite, voire kubrickienne. Magnifique.
La fiche
Genre : Drame historique
Réalisateur : Robert Eggers
Acteurs : Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Claes Bang, Anya Taylor Joy, Ethan Hawk, Björk, Willem Dafoe, Gustave Lindh
Pays : Etats-Unis
Durée : 2h17
Sortie : 11 mai
Distributeur : Universal Pictures International France
Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement
Synopsis : Le jeune prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est brutalement assassiné par son oncle qui s'empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d'entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu'à ce qu'une devineresse lui rappelle son vœu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle. Il embarque alors sur un bateau pour l'Islande et entre, avec l'aide d'Olga, une jeune Slave prise comme esclave, dans la ferme de son oncle, en se faisant lui aussi passer pour un esclave, avec l'intention d'y perpétrer sa vengeance.
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