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"The Raid 2" : au-delà de l'action, un film de gangs remarquable

Si "The Raid" avait enthousiasmé la critique pour son sens de l'action, il péchait tout de même quelque peu par son manque de scénario, n'enchaînant que scènes de combats sur scènes de combats, avec fusillades à la rescousse. Pour ce deuxième opus, Gareth Evans, toujours à la réalisation, a conçu un script où s'affrontent deux gangs, deux triades asiatiques, avec de véritables enjeux.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 4min
"The Raid 2" de Gareth Evans
 (The Jokers / Le Pacte)
La note Culturebox
4 / 5                  ★★★★☆

De Gareth Evans (Indonésie), avec :  Iko Uwais, Julie Estelle, Yayan Ruhian - 2h30 - Sortie : 23 juillet 2014

Synopsis : Après un combat sans merci pour s’extirper d’un immeuble rempli de criminels et de fous furieux, laissant derrière lui des monceaux de cadavres de policiers et de dangereux truands, Rama, jeune flic de Jakarta, pensait retrouver une vie normale, avec sa femme et son tout jeune fils…. Mais il se trompait. On lui impose en effet une nouvelle mission : Rama devra infiltrer le syndicat du crime, où coexistent dans une sorte de statu quo mafia indonésienne et yakusas. Sous l’identité de Yuda, un tueur sans pitié, il se laisse jeter en prison afin d’y gagner la confiance d'Uco, le fils d'un magnat du crime indonésien - son ticket d’entrée pour intégrer l’organisation. Sur fond de guerre des gangs, il risquera sa vie dans un dangereux jeu de rôle destiné à porter un coup fatal à l’empire du crime.

Le mouton
Rares sont les films indonésiens à arriver jusqu’à nous. "The raid" y était parvenu en 2011 pour sa facture de film d’action à l’américaine teinté d’arts martiaux, sur l’assaut d’un immeuble détenu par un gang surpuissant par un commando policier, parmi lesquels Rama (Iko Iwais), dont la bravoure et la dextérité s’avéraient décisives. Cette suite prend comme point d’encrage ce même personnage, ici enrôlé comme "mouton" au sein d’une prison pour déjouer les enjeux du gang majeur de Jakarta, afin de l’infiltrer après avoir fait ses preuves suite à son incarcération. Une fois accepté, il va entrer au cœur d’une rivalité entre gangs rivaux au péril de sa vie.

Gareth Evans revitalise son film inaugural en dépassant ce qui alimentait un simple exercice de style, grâce au conflit entre les deux triades au cœur duquel se trouve Rama. Toujours mis en danger, finalement suspecté de trahison par son mentor supposé, les questions d’honneur, toujours au centre des films asiatiques, fusent. Rama en vacille. La rivalité entre les deux gangs est par ailleurs finement rendue, dans la complexité des intervenants et alliances entre Singapouriens et Japonais. Ce qui alimente une intrigue rondement menée.

Bataille (dé)rangée dans la boue dans "The Raid 2" de Gareth Evans, avec Iko Uwais (à gauche)
 (© Merantau Films)

Armes exotiques
On pense dans l’exposé de cette rivalité à Martin Scorsese. Mais la mise en scène est, elle, nettement asiatique. Dans l’action, fondée sur des combats martiaux et non seulement des fusillades. Les chorégraphies sont de ce point de vue remarquables et spectaculaires, renvoyant aux meilleurs moments des années 70. Avec toutefois une touche de violence accrue, atteignant des sommets dont il vaut mieux prévenir les âmes sensibles. La bagarre générale dans la cour de la prison pleine de boue est à ce titre remarquable et un véritable morceau d’anthologie. Mais bien d’autres instants resteront dans les mémoires, grâce à des combattants aux armes exotiques : sabre, batte de baseball, scies circulaires, autres boomerangs et surtout une manieuse de marteau redoutable…

Gareth Evans atteint un sommet du film de gang et d’action avec ce "Raid 2", bien supérieur à son précédant, grâce à un scénario reposant sur un personnage, Rama, mis en danger par son statut d'infiltrant devant prendre parti pour l’un ou l’autre camp afin de ne pas être découvert. L’action prime de façon magistrale avec une violence graphique rare et un art de la mise en scène qui renouvelle le genre comme un John McTiernan avait su le faire dans les années 80. Stupéfiant.  

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